PARIS JUIF ET LA SOCIETE FRANÇAISE
5ao
La grande joie des Rothschild est de lire les journaux après quelque fête, quelque décès, quelque mariage. Ils se mirent dans ces descriptions, ils se passent les feuilles de main en main. Ils font imprimer les articles à part pour leur consommation personnelle, et, en ceci, ils ont raison : iis - préparent pour l’histoire des mœurs, des documents dont les grands écrivains de l’avenir tiendront plus de compte que de beaucoup de discours prononcés dans les Chambres. Le recueil intitulé : le Baron James de Rothschild , qui a été tiré chez Glaye, mais qui n’a pas été mis en librairie, est d’un réel intérêt.
Tous les journaux, sauf VUnivers, l'Union, la Gazette de France et probablement deux ou trois autres que j’oublie ’, font là l’office des pleureuses salariées aux enterrements d’autrefois ; ils s’arrachent les cheveux, ils se déchirent la ligure avec leurs ongles, ils se roulent par terre de désespoir. Ce mort aurait inventé le fer comme Tubalcaïn , ou la charrue comme Triptolème , il aurait découvert la panacée de. tous les maux, que ces feuilles publiques n’en parleraient passur un mode plus admiratif. Les formules employées pour louer ce Juif allemand, qui s’est enrichi à nos dépens, reculent les frontières de i’hyperbole.
Il y a là des lettres véritablement stupéfiantes. « Vous me pardonnerez de venir ainsi vous troubler au milieu de vos peines... Monexcuse est dans le désir que j’éprouve... » Voilà de quelle eqcre écrit, à un manieur d’argent, le prince de Joinville, un homme qui a dans les veines quelques gouttes du sang de Louis XIV ! Les lettres du comte de Paris et du duc d’Aumale, un peu moins plates peut-être, sont du même ton.
Depuis 1868, la servilité n’a fait que croître. Les descriptions de mariages sont inouïes. Rien ne manque à ces épithalamesj .on assiste à la toilette de la mariée, on monte dans le magnifique attelage « choisi et appareillé par Claude Lachaume, le piqueur du baron Alphonse ; » on écoute Félix Lévy, « ténor admirable, » chanter ïhnlach, du non moins admirable Emile Jonas ; puis les chœurs attaquent l’ Alléluia d’Erlanger, qui n’èst certes pas VAlléluia des actionnaires du banquier de ce nom ; enlin, on passe à la sacristie. « 11 est cinq heures et demie, écrit Meyer, le Dangeau de ces solennités, cinq heures et demie aux horloges pneumatiques, et « toujours » à l’horloge du sentiment.»
1. Voici, d’ailleurs, la liste des journaux dont les extraits sont reproduits : .tourna/ de l’aria, la France , le Constitutionnel, la Liberté, le Petit Journal, la Patrie, le Journal des Débals, YOpinion nationale, le Temps, le Figaro , Y Epoque, Y Evénement, le Moniteur du Soi)’, la Correspondance générale des départements, le Sport, le Mémorial diplomatique, la Semaine financière.