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LA FRANCE JUIVE
ils avaient ajouté 10,000 francs soi-disant nécessaires pour introduire le gaz dans les ballons ! Nous imiterons sur le reste la discrétion de l’Intransigeant , qui écrivait à la date du 3 octobre :
Nous n’insisterons pas sur les 6,635 francs de fête parisienne ; ce serait peut-être entrer dans la vie privée des organisateurs; mais, puisqu’ils éprouvaient le besoin de terminer gaiement une nuit si mal commencée, ils auraient dû se restreindre un peu.
Quant à l’organisation générale, elle comprend sans doute le fastueux souper des commissaires à l’hôtel Continental et leur luncheon dans le pavillon de l’Orangerie... toujours au bénéfice des victimes du choléra!
C’est décidément une bien jolie bouillabaisse que la comptabilité du comité !
Comme le disait hier Tun de nos spirituels confrères, « les organisateurs ont fait la fête sous le patronage de deux ministres ; il est nécessaire qu’elle se termine sous le patronage du parquet. »
Bien entendu les deux ministres, qui avaient probablement leur part du gâteau, défendirent au parquet de tirer l’affaire au clair.
Le juge d’instruction se contenta de chantonner à ceux qui se plaignaient trop haut les jolis couplets du Chœur des commissaires improvisés par M. Gaston Jollivet pour la circonstance ;
Nous sommes les bons commissaires Des fêtes de la Charité,
Amis sagaces et sincères Du pauvre et du déshérité.
Mais nous-mêmes, dans notre bourse Logeons le diable détesté.
Nous sommes perdus sans ressource,
Sauvons-nous par la Charité!
La Charité bien ordonnée Ne commence pas par autrui.
A nous, le fiacre à la journée,
Les festins dès que l’aube a lui !
Que le tailleur enfin nous livre Nos habits sur timbre acquitté!
Tous les corps d’état doivent vivre Sur les fêtes de Charité!
Le Temps, qui est un journal grave et qui ne chante pas le petit couplet, exprima les mêmes sentiments, mais en simple prose ;
L’examen des comptes de la fête des Tuileries est terminé. M. Gauthier de Noyelles, contrôleur général à la préfecture de police, a remis hier un rapport détaillé à M. Camescasse, préfet de police.