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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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596
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LA FRANCE JUIVE

Quelle époque! quelle génération on nous prépare, ma chère ma­dame X...! Alors on détache maintenant les traînes? i

Oh! cest parfaitement décidé...

Ce sont ces pauvres âmes denfants que je plains... Avec un semis de roses, ce ne serait pas mal.

Certainement, madame la comtesse, certainement...

Les malheureux! ils enlèvent jusquau crucifix... Des pans restreints et pas de quilles!

Puis elle partit, toujours pleurant sur le malheur des temps et, sur le seuil, se ravisant, elle dit : Décidément, mettez des quilles !

La couturière pouffait, et il y avait de quoi; son rire, longtemps com­primé, retentit sonore quand la porte fut fermée.

Avec ce quelle dépense en un an, fit-elle, elle sauverait toutes les âmes denfants de son quartier!

Tout ce monde est plein de chrétiens dans le genre de ceux dont parle Tertullien : Plerosque in venturn et si placuerit christianos; ce que Bossuet traduit : « Chrétiens en lair, et fidèles, ai vous voulez. »

Ce quil y a de douleurs derrière ce luxe sans raison, absolument bête, est incroyable. Flaubert me disait un jour que cétait nous qui devrions être les médecins de certaines maladies morales, car il ny a que nous qui les ayons étudiées. Il y a du vrai dans cette opinion. Ce quun Parisien sait sans avoir cherché à lapprendre est inimaginable. Le hasard, à chaque instant, nous montre lenvers de ces existences si brillantes en apparence. Il existe, dailleurs, à Paris , cinq ou six prêteuses dargent, avec lesquelles il suffit de causer une heure pour connaître à fond le secret de cette société. Hommes et femmes viennent, écrivent des lettres invraisemblables dhumilité, traitent lusurière de « chère amie », lui prodiguent les douces paroles.

Quelques femmes du monde louent un petit appartement, y font trans­porter sans bruit quelques vieux meubles du château, les portraits de famille, eux-mêmes essayent de les négocier. La mère et la fille sont daccord parfois pour ce commerce. Souvent le mari, plus sensé, est resté au château; il vit, loin du high life, entre une cuisinière sur le retour et quelques barriques de vin. On le fait venir, on sefforce de le décider à vendre le domaine; il arrive, ilanqué de la servante pour ne pas faiblir, il résiste, et ce sage, quon traite d'être sans humanité, sen va en disant : « Ne criez pas, ma chère, vous serez bien contente de retrouver cela. »

Jai vu une famille de vieille noblesse envoyer chaque jour chercher,