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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

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chez la crémière dà côté, un horrible bouillon noir et sentant la graisse. Au bout de quelque temps ils en devaient pour cinq cents francs! La femme, qui portait un nom célèbre dans lhistoire de la Révolution, un nom chanté par les poètes, immortalisé à la fois par lhéroïsme et par la pitié, avait une note de dix mille francs chez sa couturière et sen allait à travers Paris pour les chercher, avec ce mouvement doiseau de grande race qui ne sait pas marcher à pied. Au milieu des querelles et des récri­minations, grandissait une belle jeune fille élégante et svelte. Nobéissant quà leur bon cœur, ces pauvres gens avaient recueilli un moine expulsé, et rien nétait baroque comme ce chapelain en appartement, bénissant ce repas pris à la gargote, en tête à tête avec une bonne non payée, qui hur­lait les refrains de café-concert quelle allait récolter chaque soir.

Quelques femmes demandent aux poisons la joie factice, le bonheur de voir quelques minutes la vie en rose ; elles se morphinent, ce sont les morphinèes, les morphinomanes, hôtes éphémères dun paradis artificiel qui ne fait que rendre la réalité plus cruelle.

Parfois on tombe tout à fait. Cette jeune femme adorable, cette ravis­sante Aryenne, au galbe virginal et fier, que vous neffleurez même pas dun regard trop intense pour ne point enlever le pur duvet de ce fruit en train de mûrir, se vend à quelquun de ces cosmopolites affreux, galeux, sentant mauvais, qui ont crié des oranges sur le port de Tunis ou dAlexan­drie, ou qui ont été garçons dauberge en quelque village de Russie , comme ce Garfounkell, quarante fois millionnaire, qui avait laissé sa femme- bas pour mener la grande existence ici.

Tout aboutit au Juif, en effet,. Nous le verrons plus loin pressurant la misère populaire avec les agences dachat de reconnaissances du Mont-de- Piété : il est le bailleur de fonds le prêteur réel des usuriers qui obligent les gens du monde. Il sait, à une minute près, la durée du souffle de toutes ces pauvres petites grenouilles qui sefforcent de se grossir pour égaler les grosses fortunes israélites. Quand lhaleine commence à manquer, il arrive et il est le bienvenu.

Ce qui est plus inquiétant que tout le reste, peut-être, cest cet abais­sement de la femme française. Aux époques de décadence, on la constaté, la femme monte tandis que lhomme descend ; cette fois il ne sest rien produit de pareil. On aurait pu espérer quaprès la guerre il se serait formé un groupe de Françaises , exerçant une influence active comme femmes, comme sœurs, comme amies, sefforçant dinspirer à tous des idées patriotiques, se servant de leur beauté, de leur sourire, de leur charme pour relever les cœurs, pour éveiller le désir de nobles actions.