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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

^dAntigny. II cumulait ces fonctions, qui ne devaient pas être une siné­cure, avec celles de reporter ; cramponné à chacun pour avoir un renseigne­ment, on lentendait, à toutes les belles représentations, crier : « Des noms des noms! » Les noms recueillis, il les écrivait fièvreusement sur la man­chette de sa chemise. Il signait du pseudonyme de Jean de Paris. Ce fut alors, en 1869 je crois, que M. Carie des Perrières, qui signait Curtius au Nain jaune et qui a publié un intéressant volume sur le monde des joueurs : Paris qui joue et Paris qui triche, le fit figurer dans sa galette de Figures de cire.

Létude, dailleurs, est charmante; elle a lallure vive et la verve nar­quoise dune ballade de Henri Heine :

Habits a vendre! vieux habits! vieux galons! chapeaux à vendre!

Cétait la devise de la famille. Disons-le, cette devise leur est toujours restée fidèle. A quinze ans, fatigué de son apprentissage dans le commerce des lorgnettes, le duc Jean équipa cent lances pour venir à Paris .

Paris , voilà la voie, voilà le centre pour une nature aussi industrieuse que celle du duc Jean.

A Paris , le duc fit un peu de tout, il essaya des lorgnettes, comme au Havre, mais cela ne lui réussit plus et, ne voulant pas déroger, avant tout, il se jeta dans les arts. Cest à dater de cette époque que le commerce des contre-marques a périclité dune façon terrible.

A Paris , le duc Jean comprit vite le parti quil pouvait tirer de la vanité des uns, de la coquetterie des autres. La première année fut néan­moins assez dure. Il fit une expédition à Trouville-sur-Mer pendant laquelle il fut prouvé que le duc Jean savait beaucoup mieux manier le roi de trèfle que la Durandal.

On lexpulsa donc du Casino . Néanmoins, il réussit à saccrocher à une personnalité de la littérature élégante. A sa suite il entra dans le monde faux que fréquentent les jeunes gens et les journalistes, et, grâce à linfluence de son chaperon, il en arriva à avoir droit de cité parmi la jeunesse qui déjeune chez Bignon et dîne au n° 6 de la Maison dOr. Mais quel droit de cité, mon Dieu ! Quelle existence de passer pour le grotesque et le plastron dun cercle de jeunes gens, de côtoyer sans cesse la haute vie, les soupers et les filles, et de navoir jamais que les miettes des uns et les cheveux gris des autres.

Ce fut la première manière de Meyer. Il avança vite grâce à la grande poussée juive qui se fit après la guerre. Aujourdhui il a maquignonné, boursicoté, trafiqué, il a ,un coupé, un hôtel, un journal. Il nexcite ni lenvie ni même le mépris, mais plutôt comme un incommensurable éton­nement. Ayant remarqué que quelques gens du monde afïectaient une certaineroideur, dassez mauvais goût du reste, il les a imités en charge; il ne remue plus, il ne tourne plus la tête; avec son teint blême, son