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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

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crâne divoire, sa barbe luisante, il donne limpression dune momie sémitique déambulant en plein Paris à laide dun ressort quon ne voit pas.

Cet être fantastique, ce faquin dune si invraisemblable faquinerie stupéfie littéralement par des plaisanteries faites de sang-froid, qui ren­versent les gens. Au moment des obsèques de lEmpereur à Chislehurst, il voulait marcher aux côtés de la famille impériale; il a pris le deuil du comte de Chambord et annoncé gravement quil ne pourrait assister à la fête dischia à cause delà mort du Roi, Tout cela, je le répète, se produit sérieusement, silencieusement, sans rire.

11 a vraiment une sorte de rôle dans la vie élégante ; cest lui qui a mis en circulation ces mots de « pschutt » et de « vian » que nos gentils­hommes répètent avec une grimace idiote. A lexposition canine, les piqueurs de la duchesse dUzès sonnent les honneurs quand il arrive *, ce qui se comprendrait tout au plus dans une exposition de pisciculture. Ce Tom Lewis, frotté de lettres, est mêlé à tout; il remplit lofiice dambassa­deur, il fait les courses. Cest lui qui intervient dans le procès de Sarah Bernhardt et du Juif Koning.; cest lui qui va prendre chez Meissonier le portrait de M m0 Mackay et qui rapporte largent au peintre.

Vous devinez, avec un tel intermédiaire, ce que sont les négociations. M mo Mackay met le portrait de Meissonier dans lendroit secret Saint- Simon avait mis le portrait de Dubois. Meissonier se déshonore par son âpreté au gain, en réclamant soixante-dix mille francs pour une toile qui lui a demandé quelques séances. Au moment tout va sarranger, le Juif Wolff, qui voit sou compère Meyer engagé, vient prononcer sur le cas quelques-unes de ces paroles dont il a le secret : « Si dans un pareil débat, dit cet homme austère, je pouvais hésiter un instant, il me faudrait renon­cer à élever la voix dans les questions artistiques; je signerais ma propre déchéance. »

Cest donc un repaire de brigands que votre Paris ? vous disent parfois les étrangers.

Mais non. Paris est encore plein de braves gens.

Si, au lieu de vivre dans ce monde dintrigants qui attendent les voya­geurs à la gare, comme les interprètes et les pickpockets; si, au lieu de sentourer de Juifs, M me Mackay, qui est, dit-on, une femme excellente, avait vécu avec des Parisiens honnêtes, elle aurait su comment on fait une hausse factice sur les œuvres dart comme sur les actions de sociétés financières ; elle aurait trouvé à Paris trois cents peintres qui ont plus de

I. Gaulois, 31 mai 1884.