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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA EKANCE JUIVE

Fait de fragments dérochés, bordé des deux côtés par des blocs de granit couverts de mousse, sur lesquels une eau jaillie, d'une source invisible, retombe éternellement en fraîches cascades; cest comme une forêt mon­tante sépanouit, dans une chaleur douce, toute la flore des pays enchantés, les palmiers qui semblent naître de chaque anfractuosité, projettent vers le ciel, à de vertigineuses hauteurs, leurs longues lances de vert sombre, parmi les reflets clairs des lumières semées dans le feuil­lage. 11 tourne, tourne, lescalier, et, dans son évolution grandiose, aboutit enfin à la serre le clou de ce fantastique décor qui, par sa situation et ses proportions babyloniennes, fait songer aux jardins suspendus de Sémiramis. Une illumination radieuse y donne lillusion du soleil tropi­cal, et la végétation luxuriante qui sy étale, celle des eldorados transocéa­niques. Et cest miracle de voir, dans les étroits sentiers aux bordures fleuries, qui se croisent et sentre-croisent, circuler les groupes extasiés, resplendir les épaules nues, étinceler les perles et les diamants, la soie se mêler aux floraisons verdoyantes, et tous ces étincellements se confondre en une sorte de kaléidoscope vaporeux il ny a plus ni femmes, ni fleurs, ni satins, ni verdure, plus rien que la grande symphonie des couleurs et l'âpre griserie des parfums 1

Le Figaro a raison : « Fuyons ce paradis troublant 1 arrachons-nousàce rêve dopium ! » pour nous réfugier dans la chapelle. 11 y a une chapelle, en effet, et lon regretterait quelle ny fût pas; elle rappelle une certaine religion qui est à la mode. Les La Rochefoucauld y vont gémir sur la persécution, avant dentrer dans le bal, quand les Hirsch ne sont pas encore arrivés. Leur Dieu nexclut point les plaisirs de la danse, même au temps de Dioclétien ; il est un peu parent de celui de Béranger.

üii est admis dans son empire Sous la couronne du martyre Et sous la couronne de fleurs.

Confesseurs delà foi et martyrs, beaucoup de grands seigneurs le sont « parmi ces privilégiés qui, de dix heures du soir à quatre heures du ma­tin ont dansé,.causé, soupé, puis redansé, recausé, resoupé, et qui, vail­lants au plaisir, nont capitulé quavec l'aurore. » Ils espèrent bien figurer un jour dans les vitraux; seulement les instruments de supplice, que les saints portent à leur main dans les naïves images de lart gothique, seront remplacés cette fois par un accessoire de cotillon.

Si vous voulez voir combien la destinée dun journaliste chrétien est différente de celle dun journaliste juif , regardez les hommes qui entourent Meyer. Allez au Gaulois, vous trouverez, à côté du Meyer blafard, un beau cavalier, un gentilhomme béarnais qui a ressemblé un peu à Henri IV .