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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

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Brave, non point seulement en duel, mais dans la rue, il la prouvé lors de la manifestation de la place Vendôme , M. de Pêne est resté, malgré une production incessante, un écrivain de race; parmi les milliers darticles quil a improvisés, il nen est pas un seul qui nait un trait, une phrase se révèle lartiste qui sait bien tenir une plume. A quoi cela lui a-t-il servi? Il est maintenant effacé derrière le petit circoncis quil a chaperonné dans le monde; il na pu arriver à garder un journal à lui.

Prenez, si vous voulez encore, Gornély. On la appelé « un enfant de cœur perverti. » Je ne crois pas que le mot soit juste, mais jincline à croire quil a subi un peu, au moment du succès, ce vertige malsain, cette va­peur pestilentielle qui se dégage du boulevard, et qui est terrible, surtout pour ceux qui ont vécu en province. Je lai connu pauvre, digne de toutes les sympathies, dans cet intérieur vraiment charmant dun jeune père de famille qui nourrit les siens de son travail. Jen puis parler en toute indépendance, car je nai jamais eu ni à men plaindre, ni à men louer. Il savait certainement que jaurais eu plaisir à défendre mes idées chez lui, jamais il ne me la proposé; il sest confiné un peu trop alors, à mon avis du moins, et au point de vue de lœuvre quil dirigeait, dans un milieu un peu restreint et boulevardier.

Malgré tout, il nen a pas moins réussi à créer, à faire lire, à faire vivre un journal davant-garde qui rendait dimmenses services au parti conser­vateur. Après avoir perdu deux mille abonnés dun coup, en se ralliant au comte de Paris , le Clairon nen comptait pas moins 5,375 abonnés ; au moment de sa disparition, il avait un tirage quotidien de 11,000 exemplaires.

La moindre aide aurait mis ce journal à flot. Gornély fit demander cette àide au comte de Paris . Celui-ci ne voulut meme pas recevoir la personne que lui envoyait le jeune écrivain qui, somme toute, combattait pour sa cause avec entrain, avec succès même.

Ne trouvez-vous pas affligeant labandon de cet être dinitiative, dactivité, de bonne volonté, par des gens qui ont plus de cent millions à eux?

Je nai pas à discuter si les princes dOrléans ont été bien ou mal inspirés en réclamant, après la guerre,leurs bienl confisqués ; jaime autant savoir cet argent dans leurs mains que le voir gaspiller par les républi­cains. Il nen est pas moins certain que ces biens nont pas le caractère étroitement personnel dune propriété léguée à ses enfants par quelquun qui sest enrichi dans le commerce des laines et des huiles; ce sont des biens dapanage accordés jadis à la famille du souverain pour soutenir son rang, entretenir un train princier, rehausser léclat de la royauté. Les