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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

princes dOrléans nont pas, en conscience, le droit de jouir exclusivement de cette fortune; ils ont lobligation morale de lemployer au service de la France , de la consacrer à la propagande monarchique.

Personne probablement na osé dire cela au comte de Paris , apprendre à ce prince, qui est non seulement un honnête homme, mais un bon chrétien, que lamour excessif des capitaux est un péché capital. La défense des intérêts religieux en France se trouve donc avoir pour organe, du moins dans un certain public, le journal dun Juif et dun Meyer '.

Le journaliste consciencieux et épris de son art est lobjet de la même haine que lécrivain. La presse, elle aussi, sest presque entièrement trans­formée depuis quelques années; pour comprendre les conditions nouvelles dans lesquelles elle est placée, il convient tout dabord de séparer le jour­nalisme du journaliste, la besogne faite de celui qui la fait.

Rien nest plus absolument probe, plus complètement désintéressé que le journaliste dorigine française et chrétienne , et ceci, sans acception dopinion. Il dispose dun moyen daction formidable, il blesse ou caresse ii son gré la vanité de chacun, à une époque ce sentiment a pris des proportions presque morbides; et jamais la tentation ne leffleure de retirer un bénéfice quelconque des éloges quil accorde.

Sous ce rapport, il ny a pas de doute. Jamais même on na eu limper­tinence de promettre un cadeau à un critique dramatique, à un critique de livres ou à un critique dart pour parler favorablement dune pièce, dun ouvrage, dun tableau. Sont-ils donc dune impartialité absolue? Non. Nat­tachant malheureusement quune importance secondaire à ce quils écrivent, ils sont accessibles à la camaraderie, à la flatterie, à la démarche personnelle faite près deux; ils décernent lépithète d« éminent » ou de « sympathique, » comme sil sagissait dune simple croix du Mérite agri­cole. Tel, qui repousserait avec indignation une somme dargent, ne résis­tera pas à un sourire de femme, à un mot gracieux, à linsistance même dun inconnu qui semble attacher un prix exceptionnel à ce quon dira de lui. Lesprit de parti, dailleurs, enlève presque au journaliste le droit davoir une opinion. Si les conservateurs ne se soutiennent quassez faible­ment, tout ce qui vient d'un républicain est admirable pour les siens.

On nagit plus même sur les journalistes par les dîners, comme sous

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1. En Hongrie , du reste, quelques journaux catholiques, comme la .S emaine religieuse et le Calholicwt Galnd, sont également dirigés par des Juifs.