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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

un monde spécial qui na aucun rapport avec le journalisme sérieux.

Seuls, les rédacteurs de journaux à informations, des journaux boule- vardiers, comme on dit, sont, en quelque manière, obligés par la nature même de leur travail, à un certain décousu dans lexistence. Les autres vivent avec une régularité parfaite, le plus à distance du centre quils peuvent, ne se mêlant que dassez loin à lexistence bruyante de Paris . La plupart sont mariés et fidèles ; beaucoup aussi, je dois le reconnaître, sont concubinaires ; iis ont rencontré une femme qui les aime, qui ne dérange point leurs papiers, et ils se sont attachés à elle sans prendre la peine de faire régulariser leur situation ; ils pratiquent toutes les vertus du mariage sans en avoir les avantages.

Ce sont précisément ces vertus qui diminuent lindépendance du jour­naliste, qui inclinent aux concessions un caractère nativement droit, qui font quune presse déconsidérée a pour rédacteurs des hommes dignes per­sonnellement de toute considération.

Si la rédaction des journaux, en effet, est composée déléments sains, la direction, la propriété, pour être pins exact, est trop souvent aux mains dêtres absolument méprisables, de financiers véreux, dactionnaires peu scrupuleux qui voient dans un journal, non un moyen répandre des théories justes et fécondes, mais dappuyer des combinaisons louches, dobtenir des concessions que des ministres, objets du dégoût universel, accordent sans marchander à ceux qui ont le triste courage de les louer.

La conception que Gambetta se faisait de la presse était une conception exclusivement juive. Une borde de boursiers cosmopolites se réunissait un matin, sentendait avec le Génois, et venait chasser dun journal les Fran- çais'qui lavaient réellement créé, fondé, accrédité dans le public par leur intelligence et leur labeur.

Un beau jour, un financier belge, Werbrouck, intime lordre aux rédac­teurs du Gaulois davoir à changer de convictions en vingt-quatre heures. Quelques mois après, cest un Juif russe, Elie de Cyon , forcé de descendre de sa chaire, à Saint-Pétersbourg , par les étudiants indignés et décoré par le gouvernement français , qui vient à la tête de ce journal nous enseigner quelle politique nous devons suivre.

Un autre syndicat essaie de semparer de la France de la même manière. Au mois de juin 1882, Waldeck-Rousseau , digne disciple de son maître, fait expulser brutalement, sans même les prévenir la veille, tous les rédac­teurs de la Réforme, qui signent une protestation collective contre la grossièreté de ce procédé.

.Te me rappelle encore avoir causé avec Escoffier au moment