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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

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fréquente les restaurants à la mode, il joue et gagne toujours. Quoiquil eût Wilna pour patrie, sil se fût présenté aux élections municipales nimporte, en concurrence avec un brave Chrétien dont la famille aurait été, depuis deux ou trois siècles, la Providence du quartier, il eût été, non pas élu, mais acclamé comme un Camille Dreyfus . Tous les Juifs et tous les Francs-Maçons effectivement auraient marché au scrutin comme un seul homme en criant : « Nommons Rappaport ! » tandis que les hon­nêtes gens seraient restés chez eux à gémir sur eux-mêmes.

Comment se passa exactement le drame dans lequel il disparut le 12 décembre 1882? Voilà ce qui est resté problématique. Citons tout dabord le récit de la Lanterne, admirablement placée pour être bien informée, mais également intéressée aussi à dissimuler la vérité :

Ou connaît les faits matériels du crime. Dans la matinée, une fenêtre souvrait brusquemeût, au quatrième étage, et une jeune fille apparaissait, en poussant des cris désespérés : puis elle disparut, violemment attirée en arrière, et la fenêtre se referma. Un instant après, on entendit le bruit dune détonation. Des gardiens de la paix furent requis, et on ouvrit la porte de lappartement en question.

Cet appartement était celui quhabitait un courtier en diamants, M. Georges Rapaport. 11 avait poignardé sa fille, et sétait ensuite brûlé la cervelle.

Voilà les faits brutaux, dans leur simple et sanglante horreur.

Mais les causes du crime, aucun journal ne les a exactement connues. On a cru voir dans le meurtre lacte désespéré dun père lavant dans le sang le déshonneur de sa fille. Rien nest moins vrai. La vérité, la voici :

M. Georges Rapaport, natif de Pologne , courtier en diamants à^Paris , avait épousé, en 1864, M n ° L. Davis. Deux enfants naquirent de ce mariage: une fille, la victime dhier, et un garçon, âgé de quinze ans aujourdhui.

Mais la mésintelligence ne tarda pas à éclater entre les époux. Riche de vices et pauvre de sens moral, M. Rapaport voulait trouver dans sa femme une fortune, et ses tentatives pour trafiquer delle, pour la vendre à des amis riches forcèrent lhonnête femme dabord à se réfugier dans sa famille, puis à demander et obtenir une séparation de corps, qui fut pro­noncée en 1876.

Le jugement décidait que les deux enfants, alors en pension, sorti­raient tour à tour chez leur père et chez leur mère.

Cependant, la jeune fille grandissait, devenait belle. Le père indigne, comme il avait voulu vendre la beauté de sa femme, songeait à spéculer sur la beauté de sa fille. U la poussait vers le théâtre et la fit entrer au Conservatoire dès sa sortie de pension, en 1880. M ,le Rapaport avait alors seize ans.

La mère protesta avec indignation et assigna son mari pour obtenir due sa fille fût réintégrée dans son pensionnat. Malheureusement, dans son assignation, elle traita le Conservatoire de mauvais lieu. La nécessité de protester contre cette qualification, hasardée, simposait au tribunal