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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Bastien-Lepage a peint ce mélange de batracien et danthropopithèque et le portrait a paru ressemblant. Chacun, en effet, a entrevu, un jour ou lautre sur le boulevard, cette créature bizarre qui fait songer à ces grosses personnes que lon aperçoit dans certaines maisons avec des bonnets à' fleurs sur des têtes difformes, des seins ballants dans des camisoles sales, et une solennité véritablement comique dans laccomplissement de leur mission. De ces matrones étranges, Simia a le sourire engageant et sinis­tre; il a delles aussi la façon prudhommesque de parler de la bonne tenue de la maison des lettres en discutant les questions malpropres qui lattirent de préférence.

Il nous faut faire avec la plume ce que Bastien-Lesage a fait avec le pinceau. Cet ouvrage, effectivement, ne serait pas complet, si Wolff ny figurait pas. Nous avons pour guide, dailleurs, une des productions les plus caractéristiques-de ce temps, le monument élevé par un jeune Juif littéraire à ce Juif arrivé : Albert Wolff, histoire dun chroniqueur parisien, par Gustave Toudouze .

Comme beaucoup de ses congénères de la presse, Wolff vit le jour à Cologne , et ce nest quen 1857 que ce uhlan du journalisme daigna venir manger notre pain en préparant notre invasion. Kugelmann le fit entrer au Figaro ; il y brilla rapidement. Ce quon appelle « l'esprit parisien, » je lai expliqué déjà, est une chose artificiellement créée par les Juifs, et il est naturel que ceux qui forgent cet argot soient ceux qui le parlent le mieux.

En ce temps-, Wolff nétait pas cher. Pour cinq louis prêtés, il vous accablait de mille compliments; il est vrai que, lorsquil sagissait de rendre, il vous couvrait d'invectives.

Un pauvre homme, nommé Guinon, qui manquait de philosophiedevant les injures, porta son cas devant les tribunaux. Gambetta, qui plaidait pour son coreligionnaire, attesta les dieux tout-puissants que jamais on navait compris si bien que Wolff la dignité de la presse.

Les juges qui, en ces jours arriérés, avaient encore des préjugés, ne furent pas de cet avis, et le vendredi 29 décembre 1805 le tribunal de police correctionnelle rendit cet arrêt qui est un des beaux fleurons de cette existence que Wolff appelle volontiers : « Toute une vie dhonneur et de probité » :

Attendu que le journal le Figaro a publié, dans son numéro du jeudi 22 novembre dernier, un article ayant pour titre : A travers Paris , commen­çant par ces mots : « Le monde des lettres » et finissant par ceux-ci : « ma remis trente-cinq fauteuils dorchestre, » signé Albert Wolff ;