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LA FRANCE JUIVE
dominante de l’époque : un aplatissement de laquais devant tout ce qui a l’apparence de la force. Encore aujourd’hui, de tout jeunets, qui ne connaissent pas un mot de la question, viennent salement insulter un pauvre homme de lettres mort à l’hôpital, après avoir écrit cent volumes, dont quelques-uns ne sont pas sans valeur. Le Clairon, où trônait Armand Yvel, cachant là, pour l’édification de la clientèle catholique, le nom trop significatif d’Armand Lévy , vomissait sur ce mort, quelque temps avant de disparaître lui-même. Que le Clairon , qui tenait de près au boulevard, n’osât point louer Marchai, cela se comprend; mais pourquoi ne pas garder le silence? Quel mal, je vous prie, a fait à la cause que défend Gornély l'homme qui a écrit : Pourquoi j’ai été républicain, et pourquoi je ne le suis plus, les Régicides, Marie-Magdeleine? Quelles âmes ont été corrompues en lisant les Philosophes au pilori, les Courtisanes devenues saintes, l’Histoire de Sa Sainteté Pie IX , Sauvons le Pape!
Peu à peu, une légende se forme sous l’influence des Juifs qui jouent le rôle des scribes dans certaines sociétés primitives, qui seuls écrivent l’histoire, et qui l’écrivent à leur façon. La mort de M. Marchai de Bussy, en avril 1870, n’empêcha pas un journal de le faire figurer dans le massacre des otages de la Roquette.
Quoique toute la presse, comme on devait s’y attendre, eût pris le parti du Juif allemand contre le Français , la campagne de Y Inflexible ne fut pas belle pour Wolff. Le Tribunal, étant donnée la législation sur la diffamation, ne put se montrer insensible à ses plaintes; mais quand il connut quelque particularité édifiante des habitudes de cet homme de lettres singulier, il lui alloua uniquement ce qu’il n’était pas possible de lui refuser : Vingt sous. C’était beaucoup, et même aujourd’hui, quoique le prix de toute chose ait augmenté, je ne vois guère de tribunal, fût-il composé exclusivement de Juifs et de Francs-Maçons , qui se hasardât à estimer l’honneur de Wolf! au delà d’un petit écu.
Menacé d’expulsion à la suite de tant de scandales, Wolff avait répondu fièrement : « Si l’on s’avisait de me toucher, je reviendrais à la tète de trois cent mille hommes. » Les trois cent mille hommes vinrent, et quelques autres aussi avec, mais Wolff, qui a toujours professé la sainte horreur des combats, n’était pas avec eux. — Il apparut quand tout fut fini.
C’est dans le panégyrique deToudouze qu’il faut lire le récit de ce retour. Tout est joli là-dedans. H y a l’épisode Bourgoing qui est une perle. Pendant la guerre, Wolff était à Vienne, où M. Bontoux lui remit obligeamment, pour écrire un volume sur le Tyrol, dix mille francs qu’il