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LA FRANCE JUIVE
honneur que n’ont obtenu ni Balzac, ni Yeuillot, ni Gautier, ni Proudon, ni Paul de Saint-Victor *.
Au moment où l’Allemagne élevait en grande pompe sur le sommet du Niederwald la fière statue de la Germania, l’Académie a voulu chanter le Pean à sa façon; elle a demandé à se mêler au trio de Boum, de Puck et du Prince Paul , et, d’une voix un peu chevrotante, elle a entonné :
Il sera vaincu,
Il sera battu ;
Son artillerie,
Sa cavalerie,
Son infanterie,
Tout cela sera,
Je le vois déjà,
Ecrasé, brossé,
Brisé, dispersé.
Et dans les chemins,
Et dans les ravins,
Il en laissera,
Il en oubliera ;
On le poursuivra,
On le traquera,
Et les ennemis De notre pays,
Gaiement entreront
Et se répandront.
Ils brûleront tout,
Pilleront partout_
Ce sera bien fait!
Du choix qu’elle a fait Ce sera l’effet!
Et nous, réjouis.
Voyant ce gâchis,
Nous, n'en pouvant plus, Nous rirons tous trois comme des bossus
Le point qu’il faut toujours bien voir, c’est l’hypocrisie, le mensonge, la convention qui sont l’estampille, le stigmate de l’époque. Les académiciens, en effet, ne sont pas honnêtement et franchement folâtres ; ils parlent solennellement, ils déclarent que le talent ne suffit pas pour entrer à l’Académie , qu’il faut encore faire un bon usage de ce talent.
1. Les auteurs dramatiques ont du moins pour excuse qu'ils votaient pour un des leurs; mais que penser d'un homme de la valeur et du caractère du duc de Broghe, qui était mallre de l'élection? On l’avait laissé libre, par déférence, de choisir celui qui serait chargé de faire l’éloge de son beau-frère, le comte d'Haussonville, et ce chrétien sincère, cet écrivain éminent, a écarté des candidats comme M. Oscar de Vallée; il a tenu â c que cette o aison funèbre fût prononcée par un bouffon de bas étage, qui avait tourné en ridicule tout ce qui fait l’honneur d'une nation.