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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

La première arriva. Dans cette salle des Français , il y avait des veuves, des sœurs, des maîtresses aussi dofficiers tombés sous les murs de Metz . Pas une ne protesta, pas une seule Française neut le courage, devant la pusillanimité des hommes, de se lever et de siffler ces insulteurs de la mort. Tout ce beau monde attendait im­patiemment que Rothschild daignât donner son avis. Quand rabbi David parut, ce fut un applaudissement unanime. Tous les Juifs rayon­naient. Songez donc un rabbin paraissant pour la première fois sur la scène française , et y paraissant naturellement comme le modèle de toutes les vertus !

Longtemps à lavance, les Archives israélites avaient tambouriné la bonne nouvelle : a Le Théâtre-Français de Paris , la première scène du monde, disaient-elles, verra probablement une véritable solennité drama­tique. On y donnera dans les premiers jours de décembre l'Ami Fritz, de MM. Erckmann-Ohatrian, dont il a été tant parlé à lavance. Un des moindres attraits de cette pièce ne sera pas la présence dun rabbin sur la scène. Un des principaux personnages est reb David, type réel que les écrivains ont sans doute idéalisé, et dont loriginal nest autre, dit-on, que le prédé­cesseur même du grand rabbin Isidor à Phalsbourg . »

Encouragés par limmense succès que leur fit la presse juive , les Erck- mann-Ghatrian imaginèrent de faire chanter en charge, au commencement des Rantzau, le Kyrie eleison . Quil est touchant cet appel suppliant et doux quon répète avec une sorte dinsistance plaintive, au début de la messe, comme pour attirer lattention de Dieu sur les fidèles rassemblés! Chateaubriand, en lentendant chanter dans un monastère du mont Athos , fut ému jusquaux larmes, et Brizeux a dit la poésie quil prenait dans les petites églises de Bretagne :

Les femmes doucement envoyaient pour répons A iEleison grec les cantiques bretons.

Quand furent ânonnôes les notes de cette Eleison , il y eut des transports de joie dans ce public du mardi, vous savez, ce fameux public du mardi qui sert de réunion à laristocratie, et qui semble aux journaux conservateurs comme la résurrection de la vieille France . Ils étaient battant des mains pour faire plaisir aux Juifs qui regardaient.

Combien jestime davantage les Juifs de Breslau ! En 1876, on chanta dans les cafés-concerts une parodie du Lecho dodi, la belle mélopée que