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LA FRANCE JUIVE . ! r ,
l’on entonne la veille du Kippour *. Ils vinrent tous les soirs, montrèrent le poing et dirent aux artistes : Essayez !
Il convient, je le sais, de reconnaître que sur les prétendues grandes dames qui figurent sans cesse sur le livre d’or des journaux mondains, le nombre de celles qui appartiennent à l’ancienne race française est relativement très limité.
L’Américanisme a envahi Paris presque autant que le Sémitisme .
Que d’histoires piquantes à raconter, si nous ne voulions rester fidèles à notre principe de philosopher seulement sur ce qui est dans le domaine commun! Le grand seigneur, rêvant de faire un opulent mariage, a été, dans la plupart des cas, la plus candide des dupes. Certaines familles yankees, venues primitivement d’Allemagne et ayant laissé leurJuiverie dans la traversée de l’Atlantique, s’embarquent un beau jour pour Paris avec une petite fortune, deux ou trois cent mille francs, qu’elles dépensent bravement en un an avec un bruit étourdissant. Les chroniqueurs embouchent la trompette, les feuilles bien informées brodent à qui mieux mieux des récits de mines fabuleuses, de maisons de commerce colossales. Vous voyez d’ici le roman qui se bâtit dans la tête de l’Aryen. « L'industrie n’est- elle pas la reine du monde moderne? Vive l’industrie! Avec ces millions sans nombre je rebâtirai mon château, j’aurai les plus brillants attelages de Paris , je ferai du bien... »
Le mariage a lieu... Voilà la petite Yankee duchesse, marquise, comtesse. L’heure sonne où l’heureux époux juge qu’il serait temps de monnoyer quelques pépites de ces mines inépuisables, de se faire envoyer un peu d’argent de ces maisons de banque ou de commerce.
Hélas ! les mines ont été inondées, la maison de banque est en faillite. Le pere qui, souvent, n’avait pas même donné de trousseau, mais qui avait
1. Le Lerho dodi fut composé par Jehuda ben Halévy , le célèbre rabbin de Tolède . Lire à ce sujet, le petit poème exquis, à la fois attendri et railleur, que Henri Heine a écrit sur ce sujet, et où il évoque la figure de quelques poetes juifs du Moyen Age , à propos des Cours d’amour :
« Le héros que nous chantons, Jehuda ben Halévy , avait donc aussi une dame de ses pensé, s, mais celle-là était d'espece particulière.
« Ce n’était pas une Laure dont li s yeux, astres mortels, avaient allumé, le jour du Vendr di-Saint, dans le Dôme, un illustre incendie ;
« Ce n'était pas une châtelaine qui, dans l'éclatante parure de la jeunesse, présidait aux lourn is et décernait la couionne de laurier;
« Ce n'était pas une casuiste de la jurisprudence des baisers, ni une doctrinaire qui, dans une Cour d'amour, professait sentencieusement;
« Celle que le rabbin aimait était une pauvre petite bien-aimée, triste et douloureuse image de ruines, et elle s’appelait Jérusalem ! »