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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

agrandis par le henné, aux joues fardées, ne semblent-ils pas être un seul et même être? Ces clowns titrés ne sont-ils pas une incarnation nouvelle des patriciens dégénérés de Juvénal , du Damasippus qui déclame sur la scène le Spectre de Catulle , du Lentulus qui se loue pour jouer le rôle de Laureolus, ou du Gracchus indigne qui descend dans larène, portant

Le riche galerus flotte un réseau dor.

Un souvenir des civilisations disparues vous obsède à chaque instant dans ce Paris colossal.

En 18(17, quand lEmpire, condamné déjà, avait lair dune bacchanale montée à son paroxysme,au milieu decette Babel de lExposition universelle , l'on entendait retentir en toutes les langues ce que Bossuet appelle su­perbement « le hennissement de la luxure, » deux passants se rencontrè­rent dansce promenoir les peuples semblaient sêtre donné rendez-vous pour une orgie cosmopolite. Lun était Henri Lasserre , lautre Ernest Ilello, un homme de génie, qui aura traversé ce siècle sans que ce siècle lait aperçu.

Une chose métonne, dit lauteur de lHomme au futur auteur de Notre-Dame de Lourdes , je viens de regarder du côté des Tuileries , ils ne brûlent pas encore...

On éprouve un sentiment analogue, et lon se demande comment tient encore cette société légoïsme, la vanité sotte, lamour du plaisir, lab­sence de tout sentiment de dévouement, de toute pensée de sacrifice, de tout instinct même de conservation sont en haut, la haine et lenvie sont en bas.

Lidentité dimpression sarrête. Paris na plus laspect joyeux, lair deconfiance, la puissance ensorcelante quil avait à la fin de lEmpire. Malgré leffort quil fait pour se démener, il exhale une odeur cadavéreuse. Le cœur est comme envahi par une insurmontable tristesse et plus d'un de nous ratifierait ce quun Anglais , M. Georges Sims,écrivait il y a quelque temps sur ce Paris qui fut nos chères amours :

J'ai connu et aimé Paris toute ma vie, dit l'auteur d7n the ranhs, et je ny ai jamais passé une heure dennui, si ce nest aujourdhui. Il y a deux ans, je prenais le café sur le boulevard, en voyant passer le flux et le reflux de la vie parisienne. A cette époque déjà, on remarquait un changement : Paris descendait la pente dont il a atteint aujourdhui la base. Le voilà par terre, en tas, appelant en vain lhomme qui le relèvera pour le ramener au sommet. « République, ton nom est banqueroute ! » sécrie un journaliste connu, et quoique je ne sois pas bien sùr que ce soit précisément de la