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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

hébrèo-germain, dans lequel on discute le bénéfice à réaliser, a vite fait taire le piano meurt la plaintive mélodie de Schumann ; la voix qui, une minute auparavant, était une caresse, un murmure de harpe éolienne, reprend comme par enchantement le sifflement guttural.

Chez les natures qui sobservent le plus, cet instinct est presque irré­sistible. La vieille baronne James était une femme supérieure qui contribua beaucoup par son tact à assurer aux Rothschild la situation mondaine quils ont aujourdhui. Un jour, cétait chez la duchesse de Galliera, je'crois, elle se trouvait au milieu dune assemblée délite; la conversation avait roulé sur les sujets les plus élevés, et la baronne y avait tenu sa place. On vint par hasard à parler de diamants. Soudain la Juive de Francfort reparaît. « Vous ny entendez rien / » sécrie-t-elle, et la voilà qui sanime, qui passe en revue les diamants de tout Paris , indique le poids, léclat, le nombre des carats, la valeur vénale. Ce nest que devant le silence qui sest fait quelle rentre en possession delle-même et demeure quelques minutes comme honteuse de ce retour au métier primitif.

L'oeuvrela plus remarquable dans ce genre reste le Baron Vampire de M. Guy de Charnacé 1 . Si lauteur avait élargi un peu son cadre, il se serait approché bien près de Balzac. Quil est vivant ce Rebb Schmoull, le petit colporteur de Bohême qui gagne quelques millions en de malpropres spéculations, et qui tout à coup se présente sous le nom de baron Itakonitz, à Paris la haute noblesse laccueille à bras ouverts! Quel trait de mœurs parisiennes que cette alliance du baron et delà comédienne juive Sophie Fuch! Le baron lance lactrice pour sen servir comme dun instrument afin de se venger dun homme du monde, le vicomte de la Landeile, dont il a supporté les dédains, et quand cette fille sest prostituée à tout Paris , le vicomte lépouse solennellement. Grâce à la duchesse dErmenonville , le baron finit à son tour par épouser lhéritière dun grand nom, M l,# de Solignac, et tout le faubourg Saint-Germain assiste au mariage.

1. Un mot suffira à caractériser la différence qui sépare le Baron Vampire des Monach- Ollendorlf avait demandé un roman à Charnacé et sétait engagé à le publier dans un délai très court ; il rendit cependant son manuscrit à lauteur du Baron Vampire, en lui disant quun rabbin auquel il avait soumis louvrage en avait déclaré la publication impossible. Quand les Monach parurent, Charnacé sétonna quOllendorff éditât un volume sur un sujet semblable, après avoir refusé le Baron Vampire : « Oh! ce n'est pas la môme chose! 1® rabbin auquel jai montré les Monach ma déclaré que ce livre était très flatteur pour les Juifs. »

Je ne blâme pas, bien entendu, Ollendorff de sètre adressé à un prêtre de sa rely'e 11. Jai consulté moi-même des ecclésiastiques sur mon livre, pour savoir sil ne cou tenai' pas derreurs théologiques. Sil sen était glissé une par hasard, je prie les membres du clerg de bien vouloir me la signaler.