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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

lantla France en grand par les emprunts et les sociétés financières, il na point abandonné lusure sordide d'autrefois, le prêt sur gage. Tel banquier, membre dun cercle aristocratique, est associé aux Gobsec de bas étage qui rançonnent les pauvres diables à laide davances sur les reconnaissances du Mont-de-Piété .

Un Juif allemand, nommé Neuburger, avait, il y a quelques années, donné une extension très considérable à ce commerce; il avait créé dans Paris plusieurs succursales que Timothée Trimm appela les Neubur- giennes. Malheureusement pour Neuburger, il existait encore à ce moment une ombre de justice, on regarda dans ses livres, et on lui octroya immé­diatement dix mois de prison.

Aujourdhui les Neuburgiennes sont en pleine prospérité. Un journal socialiste, la Bataille, dans son numéro du 28 janvier 1884, a donné quelques détails précis sur le fonctionnement de ces agences ; elles sont reliées entre elles, elles aussi, par une sorte de syndicat :

Lassociation a des bureaux dans chaque quartier, bureaux ayant un caractère dagences, avec ces enseignes en lettres dorées aux balcons : Vente et achat de reconnaissances du Mont-de-Piété . Ailleurs, ce sont des bouti­ques crasseuses, antres de recéleurs aux étalages interlopes, friperies de brocanteurs au type judaïque.

Lexemple cité par la Bataille est comme le spécimen de la manière dopérer, qui varie peu :

Un citoyen victime est venu se plaindre hier. Sans sou ni maille, il entre dans une agence située environ rue Lafayette. La rue ne fait rien à la chose, le vol est le même dans nimporte quel quartier. On lui donne deux francs sur une reconnaissance. Puis un petit bulletin jaune, que nous tenons à la disposition de quiconque pourrait trouver intérêt à le consulter. Ce bulletin sappelle : facture dachat. Le prêt se déguise. Au bout dun mois, ce citoyen retourne, il paie les frais nouveaux. Lintérêt est de 20 pour cent, ce qui fait pour lannée 240 pour cent. Nous sommes loin du taux légal qui est de 6. Lorsque, quinze jours plus tard, il veut retirer sa reconnaissance, après lavoir fait revenir sept fois, on lui déclare quelle est perdue.

Armé de son petit papier jaune, le citoyen appelle le prêteur devant un commissaire. Le prêteur met alors la main sur son cœur, et affirme avoir acheté la reconnaissance. Pour preuve, il montre le mot : appliqué sur le reçu, et cet avis imprimé au préalable : Afin déviter tout malentendu, je rappelle au vendeur que lopération ci-dessus stipule une vente et non un prêt. Grâce à cette ligne perfide, les prêteurs sur gages pe u ' vent faire des dupes de tous leurs clients.