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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

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Messieurs,

Il ma paru que nous ne pouvions pas laisser la terre se refermer sur l'homme de bien que nous accompagnons aujourdhui au seuil du néant, sans quune voix se fit entendre sur sa tombe au nom du Conseil général de lAin, M. François Guillot tenait une si digne et si large place.

Permettez-moi donc, Messieurs, à moi, le plus humble entre tous, de redire à la population éplorée de cette ville que si la perte quelle fait en ce jour est immense , autant que difficile, jallais presque dire: impossible à réparer, vous nêtes pas, loin de, seuls à la ressentir.

Dans les endroits les plus reculés de larrondissement de Trévoux, et je puis dire dans tout le département, la nouvelle de la mort de Guillot a eu- un douloureux retentissement. Ah! cest que notre collègue, notre ami , M. Guillot, nétait pas seulement un citoyen éclairé, intègre et dévoué; il nétait pas seulement un père de famille, bon, aimé et respecté des siens; il nétait pas seulement le premier magistrat dune cité qui conserve pré­cieusement le souvenir des bienfaits de son administration.

M. Guillot, et je suis heureux de le rappeler, était le conseiller, le protec­teur, lami de tous, du petit comme du grand, du pauvre comme du riche; son action bienfaisante et généreuse ne connaissait pas de limites; elle sétendait non seulement sur sa ville dadoption, sur son canton, sur lar­rondissement de Trévoux tout entier, mais encore sur ceux qui, de tous les points du département, venaient auprès de lui, surs dy trouver un accueil bienveillant, un appui désintéressé.

Je ne puis mieux terminer ces quelques paroles, Messieurs, quen rap­pelant léloge si mérité quen fit M. le Préfet, un jour que nous le regar­dions avec tristesse se retirer haletant, épuisé par la fatigue et par la maladie, au milieu dune séance qui devait être la dernière pour lui :

« Si le soldat qui va mourir sur le champ de bataille, disait M. Ste- helin, est digne dadmiration, nous ne devons pas moins admirer le cou­rage de Guillot, qui, lui aussi, a voulu mourir sur la brèche. »

Adieu, Guillot, notre excellent et regretté collègue, adieu !!!

Quant, à Bollet, premier adjoint, il fut court, mais ferme; il sécria avec conviction :

Il nest plus, cet administrateur intègre autant quhabile dans lequel notre pays plaçait sa plus entière confiance, ses plus chères espérances : car, si Guillot nest pas mort à la fleur de lâge, du moins il a succombé dans le plein exercice de ses grandes facultés.

Il nest plus, cet homme équitable qui eut le mérite si rare de réduire ses ennemis au silence, de les forcer à ladmiration par l'excès de ses bienfaits.

Il nest plus, cet ami dévoué, infatigable à servir les intérêts des autres, peu soucieux, d'ailleurs, de ce qui le regardait personnellement.

Mais, Messieurs, sil ne reste rien de cette nature vigoureuse qui a lutté jusquau dernier souffle pour la cause de Injustice, la mémoire de cet homme de cœur est impérissable. Il restera pour nous le modèle de toutes les vertus civiques.