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LA FRANCE JUIVE
L’ancien Prévôt des marchands, Marcel, prévenu par la Cour, n’eut qu’à faire un signe, et la population parisienne, profonément catholique et qui haïssait les Huguenots, appuya les soldats du roi et du duc de Guise, infiniment moins nombreux que les Protestants. Les premières victimes furent précisément les gentilshommes qui s’étaient introduits au Louvre pour en ouvrir la porte à leurs amis.
Malgré tout, cette date reste une des plus sombres de l’histoire humaine. Elle attristera toujours les cœurs magnanimes qui voudraient voir les fils d’une même mère vivre entre eux comme des frères; mais elle n’a aucun rapport, comme horreur, avec les massacres de Septembre. Cette surprise armée d’hommes qui couchaient avec leur épée sous le chevet ne peut être comparée au crime inexpiable de 1792, l’égorgement de malheureux prisonniers.
Dès le commencement de la République, le Protestantisme français fit alliance avec la Juiverie dont Waddington alla, comme nous l’avons vu, soutenir les intérêts au congrès de Berlin. C’était dans l’ordre. On a constaté vingt fois l’étroite connexité qui existe entre le Juif et le Protestant. « Un protestant, a dit Heine, c’est un catholique qui quitte l’idolâtrie trini- taire pour marcher vers le monothéisme juif. »
Sans doute, les Juifs n’épargnèrent guère les dédains à leurs alliés, mais ils consentirent néanmoins à marcher avec eux ; ils fraternisèrent dans certaines sociétés comme le Cercle Saint-Simon, dont Meyrargues, qui portait le prénom florianesque de Nephtali, fut le premier trésorier, tandis que Monod en était le président. Dans la Revue des Deux-Mondes, le Protestant suisse Cherhuliez, caché sous le pseudonyme de Valbert, accabla les Juifs d’écœurantes adulations. La Revue historique, éditée par AlkamLévy, leur fut également une occasion de répandre du venin sur les catholiques.
Pour prix de leur aide, les Protestants eurent le droit de se livrer sans crainte à un apostolat qui ne recule devant aucun moyen. Ils organisèrent çà et là des villages bibliques, comme celui qu’a décrit Daudet, dans l’Évangéliste; ils séquestrèrent des jeunes filles etrenoncèrent à leur propagande lointaine pour opérer à l’intérieur. Ils pouvaient tout oser, l’impunité leur était assurée et le silence de la presse juive leur était garanti.
Supposez qu’une catholique se fût rendue coupable des faits racontés par Daudet, vous entendez d’ici le ramage des journaux républicains. Daudet, en effet, affirme l’authenticité des moindres détails. Nous avons tous causé chez lui avec la mère d’Eline Ebsen, qui est le professeur d’allemand de son fils. La presse a parlé du livre et gardé sur les actes