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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Mais laissons ce discours, et revenons à la part prise par les Protestants dans la persécution religieuse.

Un homme se signala surtout par une brutalité odieuse, qui nest pas complètement oubliée, quoique, après avoir passé par tant de hontes, nous devions être un peu blasés. Jai nommé Winckam qui viola la demeure de pauvres religieuses.

Rarement, peut-être, la justice fut plus effrontément outragée. Le droit ici était formel, indiscutable. La maison située au n° li de la rue de la Lune avait été donnée, en 1693, par M me Louvet, veuve de Robert Louvet, salpêtrier ordinaire du Roi, à linstitut des Filles de la Charité, afin dy tenir une école, à la condition que celles qui desservaient lécole rempliraient certains engagements, feraient dire, matin et soir, certaines prières. A ces prières, M mo Louvet, dans son testament, avait demandé quon ajoutât le De profundis.

Cétait donc un véritable contrat synallagmatique. Laccomplissement des conditions était lié intimement à la propriété de limmeuble. Il fallait ou accepter et remplir les engagements ou renoncer à la maison. Imaginez- vous, en effet, lAcadémie semparant de largent de M. de Monthyon et ne distribuant pas les prix auxquels il a affecté cet argent?

Hérold, lui-même, que rien de ce qui était mal neffrayait, avait reculé devant lillégalité trop flagrante.

Dans sa séance du 16 juin 1879, le comité consultatif de la préfecture de la Seine, composé de MM. Gléry, de Cbégoin, Dombey, Beaupré, Durier, Fournier, Lacan, Le Berquier, Rigaud, Templier, Beaumé, Maurice Picard et Ardiot, secrétaire, se fondant sur ce que lobligation imposée aux Sœurs de faire réciter certaines prières à « leurs pauvres petites escholières » était incompatible avec la laïcisation de lécole, déclarait la laïcisation illégale et dangereuse.

Il disait :

Considérant, en outre, et surabondamment, que lexécution de la clause susvisée, très régulière et très facile dans un établissement dirigé par des Sœurs, serait absolument incompatible avec le régime dune école com­munale, ouverte à tous les enfants dun même quartier, quelles que soient leur situation de fortune et leurs croyances religieuses...

Floquet vint, on distribua sans doute un peu d'argent et, chose triste à dire, les mêmes hommes, à peu dexceptions près, qui avaient déclaré la

t. Gazette des Tribunaux du 7 octobre 1882, page 970.