752
LA FRANCE JUIVE
Mais laissons ce discours, et revenons à la part prise par les Protestants dans la persécution religieuse.
Un homme se signala surtout par une brutalité odieuse, qui n’est pas complètement oubliée, quoique, après avoir passé par tant de hontes, nous devions être un peu blasés. J’ai nommé Winckam qui viola la demeure de pauvres religieuses.
Rarement, peut-être, la justice fut plus effrontément outragée. Le droit ici était formel, indiscutable. La maison située au n° li de la rue de la Lune avait été donnée, en 1693, par M me Louvet, veuve de Robert Louvet, salpêtrier ordinaire du Roi, à l’institut des Filles de la Charité, afin d’y tenir une école, à la condition que celles qui desservaient l’école rempliraient certains engagements, feraient dire, matin et soir, certaines prières. A ces prières, M mo Louvet, dans son testament, avait demandé qu’on ajoutât le De profundis.
C’était donc un véritable contrat synallagmatique. L’accomplissement des conditions était lié intimement à la propriété de l’immeuble. Il fallait ou accepter et remplir les engagements ou renoncer à la maison. Imaginez- vous, en effet, l’Académie s’emparant de l’argent de M. de Monthyon et ne distribuant pas les prix auxquels il a affecté cet argent?
Hérold, lui-même, que rien de ce qui était mal n’effrayait, avait reculé devant l’illégalité trop flagrante.
Dans sa séance du 16 juin 1879, le comité consultatif de la préfecture de la Seine, composé de MM. Gléry, de Cbégoin, Dombey, Beaupré, Durier, Fournier, Lacan, Le Berquier, Rigaud, Templier, Beaumé, Maurice Picard et Ardiot, secrétaire, se fondant sur ce que l’obligation imposée aux Sœurs de faire réciter certaines prières à « leurs pauvres petites escholières » était incompatible avec la laïcisation de l’école, déclarait la laïcisation illégale et dangereuse ‘.
Il disait :
Considérant, en outre, et surabondamment, que l’exécution de la clause susvisée, très régulière et très facile dans un établissement dirigé par des Sœurs, serait absolument incompatible avec le régime d’une école communale, ouverte à tous les enfants d’un même quartier, quelles que soient leur situation de fortune et leurs croyances religieuses...
Floquet vint, on distribua sans doute un peu d'argent et, chose triste à dire, les mêmes hommes, à peu d’exceptions près, qui avaient déclaré la
t. Gazette des Tribunaux du 7 octobre 1882, page 970.