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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

la Prieure. Il est vraiment dun charme si profond dans son mysticisme féminin que nous le traduisons presque en entier en nous efforçant .de respecter, autant que possible, la naïveté de loriginal.

LE RÉGIT DE LA PRIEURE

... Dans une grande cité dAsie se trouvait, au milieu du peuple chré­tien, une Juiverie, protégée par un seigneur du pays, « for foui usure and, lucre of felonye, » odieuse au Christ et à sa compagnie. Et lon pouvait sen aller à travers ce quartier à cheval et à pied, car il était libre et ouvert aux deux bouts.

Or, à lune des extrémités existait une petite école de chrétiens se trouvaient des enfants, un grand nombre denfants issus de sang chrétien, qui apprenaient dans cette école, année par année, les leçons usitées dans ce pays-, cest-à-dire à chanter et à lire, comme le font tous les petits enfants dans leur bas âge.

Parmi les enfants était un fils de veuve, un gentil petit clerc de sept ans dâge, qui chaque jour venait à lécole, et toutes les fois quil voyait une image de la Mère du Christ, il avait en usage, comme on lui avait appris, de sagenouiller et de dire « Ave Maria » comme il passait par le chemin.

Aussi la veuve avait-elle appris à son petit fils à honorer notre bien­heureuse Dame, chère Mère du Christ, et il ne loubliait jamais: car les bons enfants simples apprennent cela bien vite; et vraiment chaque fois que jy pense, saint Nicolas me revient à lesprit, lui qui, si jeune, au Christ fit révérence. « For he so young to Crist dede reverence. «

Ce petit garçon, encore fort occupé de son abécédaire, entendait dautres enfants chanter l'Alma Redemptoris quils apprenaient dans leur antiphonaire; et lui était assez hardi pour sapprocher de plus en plus, écoutant constamment les paroles et les notes, jusquà ce quil sût le premier verset tout à fait par cœur.

Mais il ne comprenait rien à ce latin, tant il était jeune et tendre dâge. « For he so young and tender was of âge. »

Il priait son camarade de lui expliquer ce chant en son langage, et de lui dire pourquoi ce chant était en usage. Ainsi le priait-il, et bien souvent sur ses genoux tout nus, de le lui expliquer et éclaircir.

Son compagnon, un peu plus âgé que lui, répondait ainsi :

« Ce chant, ma-t-on dit, a été fait en lhonneur de notre bienheureuse Dame pour la saluer, et aussi pour la prier dêtre notre secours et notre