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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

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sang chrétien toute sa vie. Il existe des marchands de sang chrétien, comme Isaac de Cologne et Richard de Brescia, qui fournissent à toutes les demandes. Ours de Saxe est le commis-voyageur, le représentant de com­merce de ces industriels affreux : il va de ville en ville, de ghetto en ghetto, offrant sa terrible marchandise, et muni dun billet de son rabbin, Spring. Un autre des accusés, Vitale (anagramme de Levita), a eu pour initiateur son oncle Salomon, qui habitait à Monza, près de Milan . Le sang dor­dinaire était mêlé à un gâteau en forme de triangle, qui a sans doute donné lidée du triangle franc-maçonnique.

Dans les temps modernes, le procès de Raphaël Lévy, jugé à Metz en 1670, est également dun extraordinaire intérêt. On ne peut arguer ici de léloignement, des superstitions dépoques arriérées; la chose sest passée en France , à la fin du xvn e siècle. Tous les documents sont à la disposition de la critique. Il y a tous les éléments qui constituent un drame émou­vant, et si les Juifs nétoufîaient pas obstinément tout ce qui leur déplaît, sil sagissait dun catholique, on aurait raconté cette cause célèbre un millier de fois, et on laurait publiée dans des livraisons illustrées.

Nous avons pour ce procès un guide excellent, la relation dun historien très consciencieux, Amelot de la Houssaye , qui a pour titre : Abrégé du procès fait aux Juifs de Metz . Un oratorien, Richard Simon , essaya timide­ment datténuer les faits dans un factum quil reproduisit plus tard dans le premier volume de sa Bibliothèque critique, mais on sait le goût quavait pour le paradoxe le religieux qui signait la notice sur lui-même, quon retrouva à Dieppe en 1863 : R. Schimeon ben Joachim.

Quoi quil en soit, les réserves de Richard Simon nenlèvent rien à la réalité des faits minutieusement circonstanciés que nous allons résumer le plus rapidement possible.

Le mercredi 25 septembre 1669, environ une heure après midi, la nom­mée Mangeotte Willemin, femme de Gilles le Moine, charron du village de Glatigni, au pays messin, allait à une fontaine éloignée de deux cents pas du village pour y laver quelques linges ; .elle était suivie de son fils âgé de trois ans, qui était couvert d'un bonnet rouge et qui avait les cheveux blonds et frisés. A vingt-cinq pas de la fontaine, lenfant se laissa tomber, sa mère se retourna pour le relever ; mais, lenfant ayant dit quil se relèverait tout seul, elle continua son chemin et alla laver son linge, convaincue quil la suivait.

Environ demi-quart dheure après, continue Amelot de la Houssaye , cette mère ne voyant point revenir son enfant, elle courut à lendroit