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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

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fait tomber les têtes. La bonne nature tient à jouir jusquau bout de lago­nie de sa victime; la hyène veut du moins sentir le sang puisquelle no peut pas le boire.

Un matin doctobre, un artiste sinstalle, une plume et du papier à la main, à une fenêtre de la rue Saint-Honoré. Une femme est à ses côtés, riant, coquetant, étalant ses grâces horribles; soudain un éclair de joie passe dans les yeux de cette femme. Une rumeur a couru dans la plèbe qui attend sa proie : une charrette apparaît, elle porte à léchafaud celle qui fut la reine de France . La Furie cependant ne peut dissimuler un mouvement de dépit. Marie-Antoinette est plus majestueuse encore quà Versailles . Brisée ce jour- par une de ces indispositions qui anéantissent les femmes, sous le faix de douleurs qui semblent au-dessus du courage humain, lin­fortunée troûve encore la force dêtre calme jusquà lheure, heureusement proche,, touchant au terme de sa longue agonie, elle criera au bour­reau : « Dépêchez-vous ! »

Lartiste était David *, la femme était M me Jullien.

Le père, terrorisé par cette gracieuse compagne, vota la mort de Louis XVI en assurant quil avait toujours haï le roi et que « son huma­nité éclairée ayant écouté la voix de la justice lui ordonnait de pronon­cer la mort. »

Le fils chassait de race. Quon se figure Gilles ou Abadie investis de lautorité dun proconsul, et lon aura l'idée de ce que fut Jullien fils : « Rien, dit le Dictionnaire biographique des hommes marquants de la fin du xvm» siè­cle, ne peut rendre son exaltation fanatique, son goût pour les supplices,' et son idolâtrie pour la guillotine quil appelait « le purgatif des royalis­tes. » On lenvoya à dix-neuf ans remplacer à Bordeaux Tallien et Ysabeau quon trouvait trop tièdes, et ce gamin féroce justifia les espérances du Comité de Salut public. On lentendit un jour, raconte Prudhomme, sécrier dans la Société populaire que « si le lait était la nourriture des vieillards, le sang était celle des enfants de la liberté qui reposent sur un lit de cadavres » s .

Les lettres que cet éphèbe sanguinaire, quon appelait lespion morveux de Robespierre , écrivait à son maître figurent dans les Papiers saisis chez Robespierre .

1. Ce dessin fait partie de la collection Hennin à la Bibliothèque nationale. Au-dessus on lit cette note de la main de M. Hennin : « Portrait de Marie-Antoinette , reine de France , conduite au supplice, dessiné à la plume par David, spectateur du convoi et placé à une fenêtre avec la citoyenne Jullien, femme du représentant Jullien. Copié sur loriginal exis­tant dans la collection Soulavie. »

2. M. Charles Vatel , dans son livre Charlotte de Corday et les Girondins , ncus apprend