Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
850
Einzelbild herunterladen

850

LA FRANCE JUIVE

soucieux de ne pas se faire dennemis, nosent pas dire. Complétez le tout par le livre que quelquun, sans nul doute, est en train de préparer dans un coin et qui contiendra ce que je nai pas voulu dire : les détails in­times, que chacun se raconte à loreille, les révélations sur les tripotages secrets, sur la vie privée, sur les dessous honteux de ce gouvernement. Et si la capitale disparaît dans un formidable cataclysme, vous aurez les matériaux suffisants pour reconstituer la ville géante qui, hier, sappelait la cité-reine, et qui, demain, sera la cité mendiante, la cité iécouronnée, déshonorée, désespérée.

Du Camp vous donne dans son livre froid comme les pierres, dans ce livre dune littérature tout édilitaire, le décor admirable et pompeux, le cadre monumental et grandiose de la ville impériale; mais, dans cette œuvre faite presque exclusivement avec des documents officiels, le mouve­ment et la vie nexistent pas. Dans Ignotus, vous trouverez peint au natu­rel, ad vivum, le monde bizarre qui sest installé impudemment dans cette ruine toute neuve dun monde écroulé, comme les bohémiens sinstallent deux ou trois fois lan dans le jardin des Tuileries , pendant leurs loques aux statues des consulaires, rapiéçant leur chaussure trouée au pied des déesses de marbre, allumant les réchauds de leur nauséabonde cuisine sous les arbres augustes que nos rois avaient plantés pour verser la fraî­cheur et lombrage aux passants.

Assidu du Palais et avocat lui-même, quoiquil nait que peu plaidé, Ignotus décompose très bien la façon dont fonctionne la persécution judi­ciaire. Il explique fort lucidement comment linnocent est condamné davance, même avec une sorte dapparence de justice, dès que le magistrat Franc-Maçon est daccord avec ceux qui ont organisé une affaire, soit dans un intérêt électoral, soit dans un but de chantage.

Les études sur le huis-clos, le secret, les attentats à la pudeur sont dun penseur et dun légiste :

Lenfant, dit très bien lécrivain, na pas conscience fort nette de la réalité des choses. De même que le bébé naissant étend le bras pour tou­cher les lobjets les plus éloignés, de même lenfant ne distingue que peu à peu la matérialité des actes. Il les confond, présents ou passés. Il ne met pas une grande différence entre ce quil a vu ou entendu. Parfois il croit avoir entendu ce qu'il a vu, et vu ce quil a entendu.

Un criminaliste, M. Forster, ma dit quà Londres , il avait, devant plusieurs médecins témoins, persuadé peu à peu à une petite fille quelle avait mangé un bonbon une heure auparavant, alors quelle navait que bu un verre d'eau rougie.

Or, cet enfant est le témoin qui, dordinaire, est regardé comme le