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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

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plus croyable et qui est le plus cru. Il y a cet adage criminel : « Plus le témoin est petit, plus il pèse ! »

Cest-dessus que comptent les Francs-Maçons qui excellent dans ces préparations de procès dattentats à la pudeur. On fait croire lenfant à la réalité de certains faits qui nont jamais existé, on lui fait apprendre une leçon quil répète par vanité pour ne pas avoir lair de manquer de mé­moire. Sous ce rapport, les organisateurs sont dune habileté incroyable dans le choix de leurs sujets. Dans un village jhabitais, les Frères étaient adorés, les mêmes instituteurs étaient depuis vingt ans, ils avaient élevé tout le pays. Un jeune Frère arrive, un scandale se produit, et il se trouve que le père de lenfant, qui se prétendait victime, avait été condamné jadis à vingt ans de travaux forcés pour attentat à la pudeur. Évidemment il y eut, en cette occasion, soit corruption par le père, soit prédisposition maladive héréditaire chez lenfant à porter son ima­gination sur certaines idées.

Parmi dinnombrables affaires de ce genre, dont le récit allongerait indéfiniment ce livre, je prends au hasard laffaire de labbé Mulot.

Labbé Mulot, curé de Saint-Leu,' à Amiens , était un vénérable prêtre de 71 ans, qui avait traversé la vie en faisant le bien. Pendant le choléra de 186G, il avait bravé cent fois la mort en prodiguant ses soins aux malades, et les habitants du faubourg de Ham sétaient cotisés pour lui offrir une couronne dor à titre de souvenir.

Quand on demanda à un témoin, M. Hocquet, maire de la commune de Templeux-le-Guérard, labbé Mulot avait été curé, quelle était alors sa réputation, il répondit simplement : « Si javais voulu amener ici quatre cents personnes de Templeux pour témoigner en faveur de M. labbé Mulot, elles seraient venues en masse. »

Labbé Mulot avait défendre les droits de lÉglise contre la ville dAmiens . Dauphin, le protecteur et lami dErlanger, et Goblet, qui vaut encore moins que lui, avaient été indignés dune telle audace. Il fut résolu quon perdrait le pauvre prêtre, « quon monterait un coup, » pour employer lexpression d'un des témoins. Une institutrice qui, avant d appartenir à renseignement, avait fait partie dun cirque ambulant, vint raconter que des enfants auraient reçu du curé ce quils appelaient « des leçons natu­ralistes ».

Le procès eut lieu au mois de juin 1882. Robinet de Gléry, chargé de la défense de laccusé, fut magnifique; mais ne leût-il pas été, que la cause de la vérité aurait triomphé quand même. Le président du tribunal était un