LA PERSÉCUTION JUIVE
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décapiter la magistrature. Les anciens magistrats étaient pour les Juifs, même d’une nature relativement supérieure, un perpétuel sujet d’étonnement; ils avaient devant cette pauvreté volontaire la même impression de sourde colère que devant la pauvreté du moine; ils suffoquaient devant ces hommes qui rendaient la justice pour rien, dans l’impartialité de leur conscience, quand ils auraient pu tant gagner à la vendre. *
Isaac Pereire racontait souvent, comme une des surprises de sa vie, la visite qu’il avait faite à un premier président qu’il était obligé de voir pour un procès d’une importance considérable. Le riche financier avait fait atteler, il s’était rendu chez le magistrat.
— Monsieur X?
— Au cinquième, la porte à droite.
Profondément surpris, absolument essoufflé, Pereire avait gravi les cinq étages, et il avait trouvé, dans l’acajou le plus banal, un homme éminent qui s’était montré aussi au courant que son visiteur, des questions financières.
Pereire qui, en sa qualité de Juif portugais, était accessible à certains sentiments élevés que les Juifs allemands n’auront jamais, était demeuré frappé de la simple grandeur de cet homme pauvre qui, voué à la plus haute des fonctions sociales après celle de prêtre, vivait au cinquième, tout en décidant de procès où il s’agissait de millions. Le châtelain d’Ar- mainvilliers, le ploutocrate heureux avait senti ce jour-ià qu’il y avait quelque chose au-dessus de l’argent.
Il est évident qu’un magistrat de cette trempe n’aurait jamais consenti, comme Humbert, pour faire réussir les opérations de la banque juive cosmopolite, à faire arrêter les directeurs de l’Union générale la veille de la réunion d’une assemblée d’actionnaires qui pouvait tout sauver.
Les Juifs employèrent tous les moyens pour arriver à se débarrasser de ces magistrats qui les gênaient.
Il se passa, au moment du vote de la loi au Sénat , des faits inouïs. Les Francs-Maçons allèrent voler des bulletins dans les pupitres de leurs collègues, et les déposèrent en leur nom. A la séance du lundi 30 juillet 1883, M. Barthélemy Saint-Hilaire vient déclarer qu’il avait reçu de M. Martel le mandat de voter contre l’article 15, et qu’un sénateur s est permis de jeter dans l’urne un vote contraire. M. de Kerdrel fait la même déclaration pour M. Dieudé-Defly. Il y a là, comme le constate M. Buffet, un faux en écriture publique. Qu’importe! Les Francs-Maçons font un signe à Humbert qui présidait ce jour-là, et celui-ci, qui ricane lorsqu’on parle devant lui de conscience ou d’honnêteté, affirme cyniquement que