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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

dans sa gorge. Vous qui avez un peu dâme, vous devinez cet état dici, jen suis certain. Cest en Dieu seul que la pauvrette espère, il lui donnera la force nécessaire ; elle sagenouille dans un coin de la salle, elle joint les mains et murmure une petite prière.

Un instituteur a vu ce mouvement.

Ohé la Sœur I crie-t-il de cette voix particulière aux gens de son espèce, voulez-vous que je vous donne labsolution ? Je suis Carme...

Ce plaisant du ruisseau sappelait Carme.

Carbasse se frappant les genoux de la main rit aux larmes en voyant pâlir la pauvre Sœur tout effarée devant ces yeux fixés sur elle.

Que dactes de courage on trouverait parmi le peuple, en province et même à Paris 1 Le premier qui ait résisté à la loi athée, que des gens indé­pendants, aisés, acceptent servilement, est un charpentier de Lavaur qui, défendu par Ai. Bellomayre, eut gain de cause devant la commission sco­laire. Dans un autre coin de la France , à Jarzé, un modeste facteur du télégraphe, Baillou, atteint dune maladie incurable, père de cinq enfants, refuse denvoyer ses filles à lécole laïque. Laffreux Jabouille, le préfet du département, le menace de le révoquer; lhonnête homme tient bon et renonce à son gagne-pain, plutôt que de laisser corrompre ses enfants.

Tous ceux-, cependant, seffacent devant cette vaillante plébéienne de Montaure (Eure ), cette mère de sept enfants condamnée à vingt-deux jours de prison , sous prétexte de contravention à la loi, arrêtée par les gen­darmes, au mois doctobre 1883, et conduite à la prison de Louviers *.

Cette condamnation était absolument arbitraire. Le jeune garçon de cette malheureuse femme ayant, au mois davril 1883, atteint lâge de treize ans, on navait pu, sans commettre un acte illégal, poursuivre et

1. Voir sur cette affaire, qui prouve à quel point darbitraire on en est arrivé en pro­vince, le numéro du Patriote de Normandie portant la date du 20 octobre 1881, et la Semaine religieuse d Évreux du 3 novembre 1883. « Nous ne faillirons pas à notre devoir, dit en terminant la Semaine religieuse , et nous publions, pour qu ils soient cloués au pilori de la conscience publique, les noms des membres de la commission scolaire de Montaure et du juge de paix de Pont-dt-lArche.

« Les membres de la commission scolaire sont les citoyens :

« 1. Boutry (Césaire), maire de Montaure et propriétaire.

« 2. Alépée (Basile), ancien propriétaire, ancien boucher, actuellement tisserand.

« 3. Richard (Jean-Baptiste) fils, tisserand.

i t. Martin (François), ancien adjoint, propriétaire et tisserand.

« 5. Deriberprey (Julien), adjoint au maire, propriétaire et tisserand, tous domiciliés à Montaure.

« Retenons bien maintenant le nom du juge de paix de Pont-de-1 Arche qui a prononcé la condamnation.

« 11 sappelle Dussaux. »