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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

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J ai souvent pensé à cet homme. Les révolutionnaires dressent des statues à Danton ou font des pensions a nos dépens aux fausses victimes du 2 Décembre ; jamais les Chrétiens de la Restauration ne se sont occupés de savoir si quelques martyrs, comme Mauclaire, navaient pas laissé une famille. N est-il pas grand, malgré tout, cet artisan qui meurt volontaire­ment pour sa religion, non point en pleine bataille, comme les Vendéens, mais dans ce Paris toujours plus indifférent et plus sceptique que la campagne? Nest-elle point belle cette âme qui est restée fidèle et croyante dans la trivialité dun métier qui nélève point?

Cest sur les pauvres, presque exclusivement, que sest appesantie surtout cette persécution qui, dirigée, réclamée, payée par les Juifs, por­tera dans lhistoire le nom inscrit en tête de ce dernier livre : la Persécu­tion juive .

Un journal radical, dans un jour de franchise, reconnaissait lui-même ce fait.

Lévêque, disposant de ressources parfois considérables, le curé de grande ville nont pas été atteints. On a frappé avec une particulière rigueur sur le desservant et sur le moine. Parmi les ordres religieux même, ce sont les plus indigents qui ont le plus souffert. Tous ces chétifs qui vivaient, grâce à lassociation, ont été littéralement condamnés à mou­rir de faim.

Jai vu, sur son lit de mort, une des victimes des décrets, et le souve­nir men est demeuré ineffaçable.

Si vous ne connaissez paslHermilage, dans le département delà Loire , allez le visiter : rien en Suisse ne vaut ce site étrange, pittoresque et charmant.

LIIermitage est le nom dun ancien couvent caché par des sapins séculaires, qui sélève au sommet dune haute montagne dominant Noiré- table. Du haut dun dolmen venu, je ne sais comment, aux premiers âges du monde, on aperçoit, par les temps clairs, la cime du mont Blanc; mais le regard ne songe guère à aller chercher si loin ; il se repose émei- veillé ét ravi sur un incomparable panorama: à droite, les masses épaisses des Bois-Noirs; à gauche, les montagnes de Vollor ; devant vous, la plaine avec son damier multicolore, ses blés dorés, ses' prés verdoyants, ses

avoines, ses seigles. Par-dessus tout, cette impression du ciel que vous croyez toucher en élevant la main, et qui prête a ce paysage, vu de si haut, un aspect particulier.

(lest que sinstallèrent, il y a une vingtaine dannées, quelques