LA PERSÉCUTION JUIVE
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J ai souvent pensé à cet homme. Les révolutionnaires dressent des statues à Danton ou font des pensions a nos dépens aux fausses victimes du 2 Décembre ; jamais les Chrétiens de la Restauration ne se sont occupés de savoir si quelques martyrs, comme Mauclaire, n’avaient pas laissé une famille. N est-il pas grand, malgré tout, cet artisan qui meurt volontairement pour sa religion, non point en pleine bataille, comme les Vendéens, mais dans ce Paris toujours plus indifférent et plus sceptique que la campagne? N’est-elle point belle cette âme qui est restée fidèle et croyante dans la trivialité d’un métier qui n’élève point?
C’est sur les pauvres, presque exclusivement, que s’est appesantie surtout cette persécution qui, dirigée, réclamée, payée par les Juifs, portera dans l’histoire le nom inscrit en tête de ce dernier livre : la Persécution juive .
Un journal radical, dans un jour de franchise, reconnaissait lui-même ce fait.
L’évêque, disposant de ressources parfois considérables, le curé de grande ville n’ont pas été atteints. On a frappé avec une particulière rigueur sur le desservant et sur le moine. Parmi les ordres religieux même, ce sont les plus indigents qui ont le plus souffert. Tous ces chétifs qui vivaient, grâce à l’association, ont été littéralement condamnés à mourir de faim.
J’ai vu, sur son lit de mort, une des victimes des décrets, et le souvenir m’en est demeuré ineffaçable.
Si vous ne connaissez pasl’Hermilage, dans le département delà Loire , allez le visiter : rien en Suisse ne vaut ce site étrange, pittoresque et charmant.
L’IIermitage est le nom d’un ancien couvent caché par des sapins séculaires, qui s’élève au sommet d’une haute montagne dominant Noiré- table. Du haut d’un dolmen venu là, je ne sais comment, aux premiers âges du monde, on aperçoit, par les temps clairs, la cime du mont Blanc; mais le regard ne songe guère à aller chercher si loin ; il se repose émei- veillé ét ravi sur un incomparable panorama: à droite, les masses épaisses des Bois-Noirs; à gauche, les montagnes de Vollor ; devant vous, la plaine avec son damier multicolore, ses blés dorés, ses' prés verdoyants, ses
avoines, ses seigles. Par-dessus tout, cette impression du ciel que vous croyez toucher en élevant la main, et qui prête a ce paysage, vu de si haut, un aspect particulier.
(l’est là que s’installèrent, il y a une vingtaine d’années, quelques