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LA FRANCE JUIVE
mais on le courage cleo ofticiers et des soldats ne fut contesté par personne, est le seul qui ait été convaincu de lâcheté devant l'ennemi. Le général Lebrun a raconté le fait tout au long dans son livre Hazeilles-Sedan, pages i>8, t)U et 70.
Le '20 août, à Mouzon , au moment où le 5 e corps était écrasé, le général de Failly aperçut quelque cavalerie parmi les troupes du général Grand- champ; il dépêche tout aussitôt vers les régiments du général de Béville un de ses aides de camp, le commandant Haillot, avec mission d’inviter les olliciers qui les commandaient à exécuter une charge sur le liane gauche de son corps d’armée, pour dégager ce flanc qui était en ce moment très engagé avec l'ennemi. Le premier des régiments que le commandant Haillot atteignit était le (I e régiment de cuirassiers.
Le colonel de ce régiment, qui était notre Martin, au lieu de se mettre a cheval pour charger, trouva l'occasion opportune pour se mettre à cheval... sur les principes de la hiérarchie, et protesta qu’il n'avait d'ordres a recevoir que de ses chefs directs.
- Sans doute, dit bonnement le brave général Lebrun qui, on le sent, ne peut se défendre d une sorte de pitié pour ce pleutre, sans doute en repoussant comme il l’avait fait la demande du général de Failly, le colonel du G 0 de cuirassiers pouvait arguer qu’il obéissait à la lettre stricte de nos règlements qui exigeaient qu’il ne reçût d’ordre que de son chef direct, le général de Béville; mais il n'est pas rare, à la guerre, qu’un oflicier se voie tout à coup dans l'obligation d’oublier un peu le règlement: c'est lorsqu'il s’agit pour lui d un grand acte de dévouement à accomplir, et que le temps lui manque pour prendre l'autorisation de son chef immédiat. Dans le cas dont il s’agit, le commandant Haillot était allé au plus pressé en s'adressant au colonel qu’il avait devant lui; il n'avait pas songé à chercher d'abord le général qui commandait la cavalerie. Il ne s’était préoccupé que de la situation critique dans laquelle le .V corps d'armée se trouvait. »
Tandis que les officiers du <> e régiment, désespérés de leur inaction, se détournaient avec mépris de leur colonel, blême de peur, le commandant Haillot poursuivait sa route et arrivait devant le .V régiment. Cette fois, il trouvait devant lui un Français , un soldat, un gentilhomme. Le colonel de Contenson ne répondit pas un seul mot, il s’inclina, et faisant mettre le sabre en main à ses escadrons, « les porta au galop vers le point que l’aide de camp du général de Failly lui avait indiqué, et il commanda: Chargez! Ce devait être le cri suprême d’adieu qu’il adressait à ses cuirassiers. L'n instant après, il tombait de cheval mortellement frappé par une balle allemande. »