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LA FRANCE JUIVE
scrupules qui viennent parfois aux âmes tendres qui connaissent mal les ennemis auxquels nos aucêtres ont eu à faire.
La Vérité complète, cependant, ne se révélera qu'à la clarté horrible dos dernières catastrophes. G’est lorsqu’il erre sous la pluie, à la lueur des éclairs, dans la lande inhospitalière que le roi Lear songe, pour la première fois, aux petits et aux déshérités et qu’il s’écrie : « Pauvres indigents tout nus que vous êtes, têtes inabritées, estomacs inassouvis, comment, sous vos guenilles trouées, vous défendez-vous contre des temps pareils? Ah! j'ai trop peu pris souci de tout cela! » G’est dans le grondement de la tempête que les privilégiés, les insouciants des classes dirigeantes, songeront, sous l’aiguillon de leur propre angoisse, aux âmes qu’ils auraient pu sauver.
Mon livre, j’en ai peur, ne sera bien compris que lorsque sera venu ce grand soir, dont parlent mystérieusement les sociétés secrètes dirigées par les Juifs, ce grand soir qui doit envelopper des ombres de la mort et plonger dans le silence de la solitude les ruines de ce qui aura été la France.
Alors les jouisseurs d'aujourd’hui iront traîner les grandes routes avec des souliers usés comme les émigrés d’autrefois.
Qu elle est parlante cette gravure populaire qui représente une famille d’émigrés! Le père est là hâve, courbé, étreint au cœur par le malheur des siens; la mère tient par la main un petit qui se soutient à peine. Sur le seuil d’une chaumière d’Allemagne, assis sur un banc ombragé de verdure, un paysan regarde passer ces vagabonds, et sur le visage des proscrits ou lit ce sentiment : « Get homme est-il heureux! il a un chez lui, un foyer, un toit. »
Si les journaux conservateurs n’étaient pas, pour la plupart, aux maius des Juifs, c’est cette lamentable histoire de l’émigration qu’ils devraient raconter à leurs lecteurs, au lieu de leur parler de bals et de toilettes.
Qu’elle paya cher ses vices, cette société du XVIII 1 siècle aussi imprévoyante et aussi frivole que la nôtre! C'est à l'étranger quon a bien la sensation de ce que dut être cette existence de l’exil. Certaines villes, certains hôtels enveloppent lame de je ne sais quel froid particulier.
Je me vois encore dans cet hôtel de la Gigogne à Bàle, qui fut un rende*-vous d'émigrés, prenant le café dans un petit jardin maussade en télé à tète avec la cigogne, vivante enseigne du lieu, qui vous tient compagnie. Les murailles de la vieille demeure, le silence de la ville aux portes cochères solennelles et toujours closes, la vue même de ce Rhin qui coule «ans bruit emplissent lame de mélancolie. Si l’on est triste ici. pense-