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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

t-on, quand on y vient en touriste, avec de largent dans ses poches, que seràit-ce si lon était pauvre, exilé? Quel métier faire? sadresser? Nulle part on ne trouve, dans ces cités fermées, laccueil affable et chaud de ce Paris les pavés eux-mêmes rient à létranger, la meilleure place est pour lui...

11 y eut des poèmes de douleur déchirants dans ces chambres à carreaux rouges, à rideaux fanés, aux trois chaises de crin que les Mémoires nous dépeignent, et des femmes comme M" 16 dArgouges ou M mo de Talmont arrivaient parfois en sabots, sans linge. Souvent même on navait pas de chambre. La princesse de Gondé, errante, couchait sur le plancher et se nourrissait de pommes de terre à leau.

Une des triomphantes de Versailles vend sa dernière robe pour payer lenterrement de son mari et reste seule avec ses deux enfants. M l,e de Montmorency se fait porteuse de pain pour nourrir sa mère ; dautres savonnent, vont en journée. Le comte de Secillon sétablit maître de danse et croître connaître un jour un de ses amis, le baron dePontgibaud, portant la balle de colporteur. « ,Te ne mappelle plus Pontgibaud, répond celui- ci ; je mappelle Labrosse. » Et il resta Labrosse jusquà la Restauration.

A Londres, M mo de Gontaud fabrique de petits objets de laine à raison île deux sous par heure. Chateaubriand est obligé de mettre sa table sur son grabat en guise de couverture pour ne pas mourir de froid ; après être resté deux jours sans manger, il sévanouit, et il allait expirer dina­nition, lorsque le journaliste Pelletier vint lui rendre visite par hasard et lemmena se bourrer de rosbif.

C'est lorsqu'ils seront aux prises avec lexil et la pauvreté que les compagnons de plaisir des Rothschild et des Ephrussi comprendront le prix de cette Patrie quils nauront rien fait pour défendre. Cest alors seulement qu'ils récapituleront tout ce quil était possible de tenter pour résister, pour empêcher cette société de périr.

L'épreuve, en effet, sera rude pour ces efféminés et ces oisifs, lis n'auront ni la belle humeur, ni lindestructible santé, ni lintarissable esprit des grands seigneurs dautrefois; ils nauront point la force de tempérament de ces Polonais que jai vus accepter les plus modestes emplois, parfois vivre avec rien, rester couchés toute une journée, quand le pain manquait, et se contenter dune tasse de thé.

Saint Paul la dit : « Il faut espérer contre toute espérance. « Espérons encore que, malgré tant de présages contraires, cette destinée sera épargnée a ceux qui lauront méritée! Peut-être, au dernier moment, le courage endormi se réveillera-t-il chez quelques-uns ? Peut-être un de ces officiers,