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LA PERSÉCUTION JUIVE
t-on, quand on y vient en touriste, avec de l’argent dans ses poches, que seràit-ce si l’on était là pauvre, exilé? Quel métier faire? Où s’adresser? Nulle part on ne trouve, dans ces cités fermées, l’accueil affable et chaud de ce Paris où les pavés eux-mêmes rient à l’étranger, où la meilleure place est pour lui...
11 y eut des poèmes de douleur déchirants dans ces chambres à carreaux rouges, à rideaux fanés, aux trois chaises de crin que les Mémoires nous dépeignent, et où des femmes comme M" 16 d’Argouges ou M mo de Talmont arrivaient parfois en sabots, sans linge. Souvent même on n’avait pas de chambre. La princesse de Gondé, errante, couchait sur le plancher et se nourrissait de pommes de terre à l’eau.
Une des triomphantes de Versailles vend sa dernière robe pour payer l’enterrement de son mari et reste seule avec ses deux enfants. M l,e de Montmorency se fait porteuse de pain pour nourrir sa mère ; d’autres savonnent, vont en journée. Le comte de Secillon s’établit maître de danse et croître connaître un jour un de ses amis, le baron dePontgibaud, portant la balle de colporteur. — « ,Te ne m’appelle plus Pontgibaud, répond celui- ci ; je m’appelle Labrosse. » Et il resta Labrosse jusqu’à la Restauration.
A Londres, M mo de Gontaud fabrique de petits objets de laine à raison île deux sous par heure. Chateaubriand est obligé de mettre sa table sur son grabat en guise de couverture pour ne pas mourir de froid ; après être resté deux jours sans manger, il s’évanouit, et il allait expirer d’inanition, lorsque le journaliste Pelletier vint lui rendre visite par hasard et l’emmena se bourrer de rosbif.
C'est lorsqu'ils seront aux prises avec l’exil et la pauvreté que les compagnons de plaisir des Rothschild et des Ephrussi comprendront le prix de cette Patrie qu’ils n’auront rien fait pour défendre. C’est alors seulement qu'ils récapituleront tout ce qu’il était possible de tenter pour résister, pour empêcher cette société de périr.
L'épreuve, en effet, sera rude pour ces efféminés et ces oisifs, lis n'auront ni la belle humeur, ni l’indestructible santé, ni l’intarissable esprit des grands seigneurs d’autrefois; ils nauront point la force de tempérament de ces Polonais que j’ai vus accepter les plus modestes emplois, parfois vivre avec rien, rester couchés toute une journée, quand le pain manquait, et se contenter d’une tasse de thé.
Saint Paul l’a dit : « Il faut espérer contre toute espérance. « Espérons encore que, malgré tant de présages contraires, cette destinée sera épargnée a ceux qui l’auront méritée! Peut-être, au dernier moment, le courage endormi se réveillera-t-il chez quelques-uns ? Peut-être un de ces officiers,