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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

répression de la Commune saccomplir dans des conditions de sauvage iniquité.

Toute cette phase est, dailleurs, une de celles qui arrêteront le plus longtemps les penseurs de lavenir, qui auront loccasion détudier en action, à lœuvre, la haute démocratie française ; de voir quelle est sa mora­lité, ses vrais sentiments envers le peuple, la conception quelle se fait du Bien et du Mal, de la responsabilité, de légalité.

La Monarchie française, nous lavons dit, exerçait virilement et chrétien­nement sa fonction de justice : elle avait des gibets pour les financiers, les Enguerrand de Marigny et les Semblançay, de beaux échafauds de velours noir pour les Nemours, les Saint-Pol, les Biron, les Montmorency, les Marilhac.

La Restauration, même dans ses défaillances et sa mollesse, neut pas la répression vile : elle ne prit pas le petit soldat, elle prit le maréchal prince de la Moskowa, le général Mouton , La Bédoyère allié aux plus nobles familles de France .

La République fut impitoyable aux humbles, et trembla devant ceux qui avaient une apparence de situation, devant tous ceux qui avaient la noblesse bourgeoise, qui possédaient le bouton de jade du mandarin, qui étaient inscrits sur un tableau quelconque.

Tout ceux qui furent passés" par les armes à Satory à part Rossel furent de pauvres diables, des minus habentes, des gens sans relations. Thiers avait accordé la grâce de Gaston Grémieux ; ce fut le général Espi- vent de la Villeboynet qui le fit exécuter, pour ainsi dire, de son initiative personnelle. Grémieux devait être fusillé en même temps quun chasseur à pied. Les membres de la gauche, naturellement, ne soccupèrent en aucune façon du pauvre pioupiou : chair à canon, bon à tuer ; ils intercédèrent pour lhomme intelligent, responsable, pour lavocat! Le général Espivent, qui était de vieille race française, ne comprenait pas la démocratie de cette façon, et il déclara nettement quil entendait que lavocat eût le sort du soldat *.

Cette histoire de la Commune, encore si peu connue et dont la face

1 . Crémieux était si sûr de sa grâce, que lorsquon vintle prendre à la prison Saint-Pierre pour le conduire au Pharo, il était convaincu, malgré la présence du rabbin qui se trouvait dans la voiture, quon le conduisait à la gare pour aller à Aix faire entériner les lettres de grâce devant la Cour. Lorsque la voiture sarrêta, il était au centre d'un carré sur le champ de manœuvre du Pharo; ü eut alors un moment démotion assez naturelle, mais la vérité moblige à déclarer quil mourut fort courageusement.