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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Ils vous disent alors : « Tant pis pour vous, il ne fallait pas recevoir ces gens-1 à, vous deviez bien supposer quils ne venaient chez vous que pour vous déshonorer et vous trahir. »

Ainsi quun certain théâtre infime, la peinture et la musique (une certaine peinture et une certaine musique toujours) réussissent aux Juifs, ils sen assimilent dautant plus facilement les procédés que, dans l'abais­sement actuel du niveau artistique, le mode dexpression le côté exclu­sivement formel lemporte sur lessence de lidée.

Notons ce nouveau point encore, que vous ne pourrez pas citer un Juif qui soit un grand écrivain français.

Le Juif attrape admirablement le jargon parisien.Heine, Albert Wolfl, Halévy, dont nous parlions tout à lheure, beaucoup de nos confrères alle­mands, sont plus Parisiens que nous qui sommes nés à Paris. Il y a effectivement un chic, une allure artificielle, une verve conventionnelle et factice que le Juif sapproprie de suite, dès quil lui est démontré que ces chroniques, ces opérettes, ces articles-Paris sont dun débit avantageux. En outre sa haine pour tout ce qui est beau et glorieux dans le passé linspire dans cette œuvre de démolition par la raillerie à laquelle les Fran­çais applaudissent avec un sourire idiot.

Parler français est autre chose. Pour parler une langue, il faut dabord penser dans cette langue ; il y a entre lexpression et la pensée une corréla­tion étroite. On ne peut pas sadresser à quelque Leven ou à quelque Rei- nach pour faire naturaliser son style comme on fait naturaliser sa per­sonne; il faut avoir sucé, en naissant, le vin de la patrie, être vraiment sorti du sol. Alors seulement, quil sagisse dattaquer comme Voltaire, Paul-Louis Courier ou Proudhon, de défendre comme Louis Veuillot, votre phrase a un goût de terroir puisé à un fond commun de sentiments et didees.

Quelle preuve plus convaincante de ce fait que Gambetta, dont nous aurons loccasion dapprécier plus loin létonnante phraséologie?

Les autres Juifs, plus prudents, ont évité en partie ce ridicule et se font une langue à eux, la langue bizarre usitée maintenant dans presque tous les journaux et qui délaye dans des périodes insipides et grises un certain nombre de banalités.

En constatant cet envahissement de notre littérature, on songe invo­lontairement au récit du rabbin Benjamin de Tudèle qui, visitant la Grèce au Moyen Age, rencontra des hordes de Juifs campés sur le Parnasse. Le con­traste nest-il pas émouvant? Des bandes sordides de ces circoncis, quAris- tophane méprisait tant, installés .parmi ces lauriers-roses qui virent, aux