LE JUIF
103
par des financiers israélites, il avait la ressource de se réfugier derrière l’exception du jeu: il sauvait parfois ainsi un lambeau de son patrimoine, la dot de sa fille, le pain de ses vieux jours. Grâce à la loi votée à l’instigation de Naquet , l’infortuné goy devra remettre à Shylock jusqu’à son dernier sou. Tout y passera.
Avant 1883, la loi française avait au moins la pudeur de ne pas s’immiscer dans les turpitudes de la Bourse ; elle disait aux Nucingen qui voulaient achever leurs victimes ce qu’elle disait aux filles qui s’acharnaient après leur proie : « Nous ne connaissons pas de tels métiers! Allez débattre vos vilaines affaires loin du prétoire. » Désormais elle prendra le parti du voleur et lui prêtera main-forte pour mettre tout nu le volé qui aurait conservé sa chemise *.
Je sais bien que l’abrogation de l’article 1965 a pour elle des autorités considérables: elle est approuvée par M. Dollfus, qui, dit le Gaulois 1 2 , « a une tête sui generis », par M. de Yerneuil, successeur de M. Moreau, « très brun de peau, avec une raie bien faite au milieu de la tête », par M. Alfassa, « un gentleman à l’oeil bleu et à la moustache blonde, dont la parole garde un léger accent exotique ». Il n’en est pas moins de la plus élémentaire probité de n’acheter que ce qu’on peut payer et de ne vendre que ce qu’on possède 3 .
1. En toute question le w , Juif est guidé par la pensée exclusive d'être utile aux siens. Voyez ce qui se passe pour les livrets d’ouvriers. L’industrie française, ruinée par la concurrence étrangère, pousse un long gémissement. Nos ouvriers français ne trouvent plus de travail, car 400,000 ouvriers allemands , 200,000 ouvriers italiens leur font à eux aussi une concurrence terrible; nos chefs d’industrie se voient dépouillés non seulement de leurs procédés, mais même de leur marque de fabrique par des gens qu’ils ont accueillis et employés chez eux.
Que fait le Juif Édouard Millaud? Ce faux cosmopolite, qui, au fond, n'est préoccupé que des intérêts de sa race, n’a qu’un désir, celui de rendre l’invasion plus facile pour les Juifs étrangers; dans la séance du Sénat , du 19 juin 1883, il demande la suppression de ce livret qui est une garantie pour l’ouvrier français comme pour le patron, qui permet à tout directeur d’établissement de se rendre compte de la nationalité, de l’origine, des antécédents du travailleur qu’il va admettre chez lui, initier aux secrets de ses travaux et de ses affaires.
2. Gaulois du 10 juillet 1884.
3. Il y a dans tout ce que fait ou dit le Juif une sorte de gaîté latente, d’imperceptible mystification d’un caractère indéfinissable qui ne se résume pas par l’éclat de rire sonore, ni par la plaisanterie âpre, mais plutôt par une ironie légère doucement noyée dans le regard, ce je ne sais quoi qu’ont certaines femmes qui semblent murmurer : « N’est-ce pas, chéri, que je mens bien? Je parie que tu crois ce que je dis? » Le « gentleman à l’œil bleu et à la moustache blonde » devait avoir cet air-là, quand il parlait de la nécessité de tenir ses e ngagements. Ce qui est certain, c’est qu’au mois d’avril 1885, le gendre et le compère de Camondo choisissait précisément le jour où la loi était promulguée pour lever le pied en laissant pour douze millions de différences, que le beau-père se refusa énergiquement à payer quelques invites qu’on pût lui faire de ne pas laisser ternir le blason sans tache d’une si noble famille.