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LA FRANCE JUIVE
Le seul sentiment qui survive dans ces corrompus et ces blasés, c’est la haine contre l’Église, contre les prêtres, contre les religieux surtout.
Reconnaissons-le, comme cette haine est naturelle! Get homme né intelligent, riche, portant souvent un nom qui sonne autrement que celui de tous ces nobles de Gerolstein et qui quitte tout pour se faire semblable aux plus pauvres, — cela ne nie-t-il pas, ne supprime-t-il pas tout ce qui enorgueillit le Juif : l’argent? Ce vœu de pauvreté du moine ne semble-t-il pas une permanente raillerie du vœu de richesse du Juif?
Cette femme qui a préféré une robe de bure, dont ne voudraient pas des servantes, à la soie et à la dentelle, n’est-elle point, malgré la douceur de son angélique physionomie, comme une vivante et perpétuelle offense a ce Juif incapable d’acheter avec tout son or ce que possède cette indigente : la Foi, l’Espérance et la Charité' ?
En voilà une à qui la mort est bien égale et à qui un cercueil, fût-il en bois blanc, ne fait pas peur.
Simon dit Lockroy 3 pourra insulter ce moine, demander qu’on le chasse de sa cellule. Dreyfus pourra proposer à nos honnêtes républicains d’arracher à ces Sœurs de charité le morceau de pain qui leur suffit pour ne pas mourir. Il leur restera toujours le crucifix qu’elles ont au cou ; il est en cuivre, et les baronnes de laJuivene n’aiment que ce qui porte le contrôle de la Monnaie.
Le fait seul que ces vertus sublimes, ces désintéressements de tout ce qui est matériel, ces abnégations superbes puissent exister, se dresse comme une épine dans le lit du grossier sybarite juif qui, maître de tout, sent qu’il ne peut rien sur ces âmes.
Sur cet état d’esprit du Juif, Renan encore est précieux à consulter. Son portrait du Juif moderne dans l’Ecolésiaste est un morceau délicieux. On voit à l’œuvre le peintre qui a de mystérieuses complaisances pour
1. La Foi, ce sentiment extra-humain, enthousiaste, expansif, qui transporte l’être au-dessus de lui-même, et qui se traduit par le prosélytisme, c’est-à-dire par l’ardent désir de faire partager au prochain les nobles joie» que l’on éprouve, est absolument inconnue aux Juifs, même les plus croyants. La religion chez eux est une fidélité à une tradition et un attachement à la race à laquelle on appartient.
« Un fait remarquable entre tous, dit M. Franck dans une conférence faite à la Société des Études juives, sous ce titre : La religion et la science dans le Judaïsme, c’est que la langue hébraïque, je veux dire la langue de la Bible et des Prophètes, ne possède pas un mot équivalent à celui de foi. Celui que plus tard, dans quelques œuvres de controverse théologique, on a traduit de cette façon ( Emouna ) signifie la constance, la fermeté la fidélité, la vérité. »
2. Édouard-Étienne-Antoine Simon dit Lockroy, ainsi s’exprime Vapereau. Le plus grand trait d’esprit de ce pitre, qui porte un sobriquet comme son père, est de railler les pauvres Frères qui prennent le nom du saint que l’on fête le jour où se prononcent leurs vœux. Je lui rends la monnaie de sa pièce. Avouez que ce n’est pas difficile.