I.E JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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raient des héros de VAstrèe, qui assista aux duels héroïques des raffinés, qui entendit la causerie des grands seigneurs et des hommes d’esprit du commencement du xvn e siècle, est possédée maintenant par quelques usuriers ou quelques remisiers véreux. Sic transit gloria mundi! Ainsi s’accuse une fois de plus le caractère du Juif, qui ne se contente pas d’envahir tout dans le présent, mais qui veut déshonorer même le passé.
Citons encore un fait significatif : l’église Saint-Jacques de la Boucherie fut bâtie ou du moins restaurée complètement grâce aux libéralités du légendaire Nicolas Flamel, qui passe, avec assez de vraisemblance du reste, pour s’être approprié les sommes qui lui auraient été confiées parles Juifs fugitifs lors de l’expulsion de 1394. En 1797, un Juif, devenu plus tard membre du consistoire de Metz, achète l’église, la fait démolir et jette au vent les ossements de l’ennemi d’Israël, qui, on le sait, s’était fait enterrer là; la tour seule a résisté aux démolisseurs.
N’est-ce point curieux, cette haine fidèlement transmise des pères aux enfants par la tradition orale et qui se réveille après quatre cents ans aussi vivace qu’au premier jour?
Dans le Midi particulièrement les Juifs étaient presque maîtres.
L’élément sémitique juif et arabe, dit Michelet, était fort en Languedoc. Narbonne avait été longtemps la capitale des Sarrasins en France. Les Juifs étaient innombrables. Maltraités, mais pourtant soufferts, ils floris- saient à Carcassonne, à Montpellier, à Nîmes; leurs rabbins y tenaient des ecoles publiques. Ils formaient le lien entre les chrétiens et les mahomé- tans, entre la France et l’Espagne. Les sciences applicables aux besoins matériels, médecine et mathématiques, étaient l’étude commune aux hommes des trois religions. Montpellier était plus lié avec Salerne et Gordoue qu’avec Home. Depuis les Croisades, le haut Languedoc surtout s’était comme incliné à la Méditerranée et tourné vers l’Orient; les comtes de Toulouse étaient comtes de Tripoli.
Tandis qu’aux environs de Paris, sur les bords de la Seine ou près des bois, ils possédaient de riantes villas comme celle du Juif Crescent, de Corbeil, qui fut vendue 520 livres parisis, ou celle de Josson, de Coulom- miers, dont l’immeuble adossé au château valait 400 livres tournois, ils étaient parfois seigneurs dans le Midi. Ils montraient avec orgueil, à Narbonne. la célèbre Cortada appartenant à la famille des Kalonymes dont le chef prenait héréditairement le titre de Nazi ou roi des Juifs. Au moment de l’arrêt définitif de bannissement, le petit souverain de la Cortada à laquelle les Juifs étaient très attachés, car elle était terre de franc-alleu et impliquait ainsi pour eux le droit de posséder des fiefs, était Kalonymus