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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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persévérèrent à présenter la môme traduction. Trois clercs instruits dans la science tliéologique et dans la langue hébraïque traduisirent enfin la lettre en latin. »

La lettre était adressée au prince des Sarrasins, maître de lOrient et de la Palestine, siège de la nation juive, et dont le pouvoir sétendait jusquà Grenade, en Espagne. On y demandait quun traité damitié fût con­clu entre les Juifs et les Sarrasins ; et montrant lespoir de voir les deux peuples réunis un jour dans la même religion, on priait le prince de vou­loir bien restituer aux Juifs la terre de leurs ancêtres. On y lisait :

La nation chrétienne obéit au fils dune femme vile et pauvre de notre peuple, qui a injustement usurpé notre héritage et celui de nos pères.

Lorsque nous aurons pour toujours réduit cette nation sous le joug de notre domination, vous nous remettrez en possession de notre grande cité de Jérusalem, de Jéricho et dAi, repose larche sacrée. Et nous pourrons élever votre trône sur le royaume et la grande cité de Paris, si vous nous aidez à parvenir à ce but. En attendant, et comme vous pourrez vous en as­surer par votre noble vice-roi de Grenade, nous avons travaillé à cette œuvre en jetant adroitement dans leurs boissons des substances empoison­nées, des poudres composées dherbes amères et pernicieuses, en jetant des reptiles venimeux dans les eaux, dans les puits, dan les citernes, dans les fontaines et dans les cours deau, afin que les chrétiens, les uns après les autres et chacun suivant sa constitution, périssent prématurément sous les eflets des vapeurs corrompues exhalées par ces poisons.

Nous sommes venus à bout de ce projet particulièrement en distri­buant des sommes considérables à quelques pauvres gens de leur religion que lon appelle les lépreux. Mais ces misérables se sont tout à coup tour­nés contre nous, et, se voyant surpris par les autres chrétiens, ils nous ont accusés et ont dévoilé tout le fait. Néanmoins, il reste ce point glorieux pour nous, cest que ces chrétiens avaient empoisonné leurs frères, marque certaine de leurs discordes et de leurs dissolutions.

Cette lettre contient encore un passage significatif :

Vous pourrez bientôt, avec laide de Dieu, passer la mer, vous rendre à Grenade et étendre sur le reste des chrétiens votre magnifique épée avec une main puissante et un bras invincible. Et ensuite vous serez assis sur le trône à Paris, et, dans le même temps, redevenus libres, nous posséde­rons la terre de nos pères que Dieu nous a promise, et nous vivrons dans la concorde sous une seule loi et un seul Dieu. 11 ny aura plus jamais, à partir de ce temps, ni angoisses, ni chagrins, car Salomon a dit : « Celui qui marche uni avec un seul Dieu, celui- na quune volonté avec lui. » David ajoute : « üh I quil est bon, quil est doux dhabiter ensemble comme des frères ! » Notre saint prophète Osée a ainsi parlé par avance des chré­tiens : « Leur cœur est divisé, et à cause de cela, iis périront. »

La haine du Crucifix, qui est le sentiment dominant du Juif, est tout entière : la politique sémitique est également très clairement exposée.