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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

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les Juifs de France, mais beaucoup dentre eux avaient, dans ces régions, suivi le conseil que leur avaient donné leurs coreligionnaires étrangers et fait semblant de se convertir. En 1 i89, au moment il était question dune expulsion, Chamorre, rabbin de la Jussion dArles, avait écrit, au nom de ses frères, aux rabbins de Constantinople pour demander ce quil fallait faire et avait reçu la lettre suivante datée du 21 décembre 1489* :

« Bien-aimés frères en Moïse,

« Nous avons reçu votre lettre par laquelle vous nous signifiez les traverses et les infortunes que vous pâtissez, le ressentiment desquelles nous a autant touché quà vous autres. Mais lavis des plus grands rabbins et satrapes de notre loi est tel que sensuit :

« Vous dites que le roi de France veut que vous soyez chrétiens, faites- le puisque autrement vous ne pouvez faire, mais gardez toujours la loi de Moïse dans le cœur.

« Vous dites quon veut prendre vos biens ; faites vos enfants marchands, et par le moyen du trafic, vous aurez peu à peu le leur.

« Vous vous plaignez quils attentent contre vos vies, faites vos enfants médecins et apothicaires qui leur feront perdre la leur sans crainte de punition.

« Vous assurez quils détruisent vos Synagogues, tâchez que vos en­fants deviennent chanoines et clercs parce quils ruineront leur Eglise.

« Et à ce que vous dites que vous supportez de grandes vexations, faites vos enfants avocats, notaires et gens qui soient dordinaire occupés aux affaires publiques, et par ce moyen, vous dominerez les chrétiens, gagnerez leurs terres et vous vengerez deux. Ne vous écartez pas de lordre que nous vous donnons, car vous verrez par expérience que dabaissès que vous êtes vous serez fort élevés.

« V. S. S. V. F. F. Prince des Juifs de Constantinople, le 21 de casleu 1489. »

Il est inutile de dire que cette lettre, elle aussi, est déclarée apocryphe. Nous ne voyons pas, quant à nous, sur quoi on sappuie pour contester lauthenticité de cette pièce qui résume admirablement la politique juive.

Dans le Comtat Venaissin seulement, qui était alors terre papale,les Juifs de France avaient trouvé une liberté à peu près complète et une sécu-

1. Le texte original des deux lettres a été publié pour la première fois par labbé Bouis, prêtre dArles, dans un ouvrage qui porte ce titre : La Royalle couronne des roys dArles, dédiée à Messieurs les consuls et gouverneurs de la ville, par J. Bouis, prêtre, à Avignon, par Jacques Bramerav, 1644.

2. 11 faut lire, à ce sujet, dans louvrage de labbé Chabauty : Les Juifs, nos maîtres, quelques pages qui sont un chef-d'œuvre de critique ingénieuse et fine, d'érudition et de modération.

Léminent écrivain ne laisse pas subsister pierre sur pierre des objections que les Juifs ont essayé délever contre l'authenticité de ces lettres.