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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

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Pauvre Israël, victime des méchants! tu pleures, mais tu auras ton tour. »

Entre temps les Juifs de Bordeaux ne négligeaient pas le badinage. Le rapport remis en 1733 à M. de Boucher disait: « Les Juifs ont pour domes­tiques de jolies paysannes quils rendent enceintes pour servir de [nourri­ces à leurs enfants et font porter ceux dont les jeunes paysannes accou­chent à la boëte des enfants trouvés t »

Cest dans lordre: goy, fils ou fille de goy, tout cela est créé pour en­richir et amuser le Juif. Chair à canon, chair à plaisir, bétail dusine ou de lupanar, cest entendu. Lhistoire dhier est lhistoire daujourd'hui. Quel­ques femmes de cœur, quelques vierges héroïques parvenaient jadis à re­cueillir quelques-unes de ces épaves de la misère et de la débauche, à les sauver du désespoir ou de la honte. On empêchera cela.

Le chancelier dAguesseau, peu suspect dêtre ennemi des lumières, fut frappé pourtant de la façon dont marchaient les Juifs de Bordeaux et essaya dy mettre le holà !

A vrai dire, les Portugais étaient un peu victimes de leurs coréligion- naires. Les Gradis, les Fernandez, les Silva, les Laneyra, les Ferreyra, les Pereire et C e , dont le chef Joseph-Nufiez Pereire se qualifiait de vicomte de la Menaude et de baron dAmbès dès 1720, étaient à la tête de maisons de banque ou de commerce qui rendaient certains services. Mal­heureusement, voyant la ville ouverte, une nuée de Juifs avignonnais et allemands sétait ruée sur Bordeaux . La tribu de Juda , à laquelle apparte­naient les Portugais , était compromise par la tribu de Benjamin, qui sétait vouée avec ardeur à la négociation des vieux habits et des vieux galons et qui napportait pas toujours dans ce trafic toute lhonnêteté désirable.

Pour comble de malheur, une querelle violente sétait élevée à propos du vin Kascher sur lequel les rabbins prétendaient percevoir un droit, parce quils le préparaient selon le rite, tandis que les rabbins allemands vou­laient le préparer eux-mêmes et ne payer aucun droit.

A notre époque, on calmerait ces différends en nommant tous les Juifs en rivalité préfets ou sous-préfets et en les priant de passer leur mauvaise humeur sur les Chrétiens, mais le xvni* siècle nen était pas encore.

Malgré la résistance opposée par les Dalpuget, les Astruc, les Vidal, les Lange, les Petit, Juifs avignonnais qui prétendaient exercer un commerce sérieux, un arrêt du Conseil du 21 janvier 1734, signé Chauvelin, ordonna lexpulsion définitive sans aucun délai de « tous les Juifs avignonnais , tu- desques ou allemands qui sont établis à Bordeaux ou dans dautres lieux de la province de Guyenne. »