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LA FRANCE JUIVE
pour l’étranger contre ses compatriotes. Rewbell répondit à ce partisan des Sémites, qu’on appelait alors des Africains, quelques lignes qui méritent d’être citées. Après avoir engagé le panégyriste des Juifs à aller faire un petit tour en Alsace, Rewbell ajoutait : « Votre humanité, au bout de quelques heures de séjour, vous portera à employer tous vos talents en faveur de la classe nombreuse, laborieuse, et brave.de mes infortunés compatriotes, opprimés et pressurés de la manière la plus atroce par la bande avide de ces Africains entassés dans mon pays. »
Robespierre, fort avant dans la Maçonnerie, dont son père, Vénérable de la loge d’Arras, avait été un des zélés propagateurs en France — ce qui explique la popularité du fils — se déclara pour les Juifs.
Talleyrand, qui, ainsi que Voltaire, avait l’àme juive, fit de même; il devinait bien, lui aussi, que les éternels ennemis du Christ étaient derrière tout ce qui se passait ; il négociait avec eux pour avoir sa part dans l'immense trafic qui allait se faire sur les biens du clergé *.
L’Assemblée, fort embarrassée, ajourna la solution. Un décret du 28 juillet 1790 statue seulement que « tous les Juifs connus sous le nom de Juifs Portugais, Espagnols et Avignonais, continueraient de jouir des droits dont ils avaient joui jusqu’alors et qui leur avaient été accordés par des lettres patentes ».
Le 30 avril 1791 les députés, acquis aux Juifs, revinrent à la charge, mais l’Assemblée déclare nettement « qu’elle n’entend rien préjuger sur la question des Juifs, qui a été et qui est ajournée ».
Le 27 septembre 1791, l’Assemblée eut de nouveau à s’occuper de ce grave sujet. Dupont fit habilement d’une question sociale une question religieuse et s’efforça de se placer sur le terrain de la liberté des cultes.
M. de Broglie essaya de faire mettre dans la loi : « Que la prestation du serment civique, de la part des Juifs, serait regardée comme une renonciation formelle aux lois civiles et politiques auxquelles les individus juifs étaient partout soumis. »
1. Le clergé du diocèse d’Autun vit nettement à quels mobiles honteux obéissait l’indigne évêque, et il ne cacha pas ce qu’il pensait de sa conduite. Quand l’apostat engagea les curés et les vicaires de Saône-et-Loire à se soumettre aux décrets, on sait la réponse qu’il reçut :
« Monseigneur,
« Votre apostasie n'a surpris personne. Arrivé à ce point d’opprobre où rien ne peut plus avilir ni dégrader, dans l'opinion, vous ne devez aspirer qu’à consommer votre iniquité et en recevoir le fruit honteux. Mais si vous vous étiez flatté de trouver des complices dans les ministres respectables auxquels vous adressez votre lettre, vous vous seriez étrangement abusé. On n’imite volontiers que ceux qu’on estime. Le spoliateur sacrilège des églises 1 l’avocat des Juils 1 Quels titres à notre confiance I »