LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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plet de cette affaire, il n’en fut pas moins condamné par l’opinion publique.
Simon, qui entretient M 119 Lange, l’hétaïre à la mode, scandalise la ville de son faste, et tout Paris bat des mains quand, au Salon de l’an VU, Girodet, dans un coin de son tableau de Danaë, représente le millionnaire en dindon gloussant et la queue en éventail.
Les Juifs cependant inauguraient cette politique qui va désormais être la leur : faire succéder à une révolution où l’on pêche en eau trouble le règne momentané d’un sauveur quelconque qui ratifie par la possession, sous un gouvernement régulier, la propriété de ce qu’on a dérobé. Le roi légitime les eût gênés alors, ils empêchèrent par tous les moyens son retour, il leur fallait un Schilo, comme l’avait été Cromwell, un Messie temporel ; l’homme était tout prêt.
Napoléon était-il d’origine sémitique? Disraeli l’a dit, l’auteur du Judaïsme en France le soutient. Il est certain que les îles Baléares et la Corse servirent de reluge à beaucoup de Juifs chassés d’Espagne et d’Italie qui finirent par se convertir au Christianisme, et, comme cela avait lieu en Espagne, prirent le nom des grands seigneurs qui leur avaient servi de parrains, Orsini, Doria, Colonne, Bonaparte. Michelet qui, avec son organisation de voyant, avait l’intuition de certaines choses profondes sur lesquelles il n’osait trop insister à cause de son parti, a touché ce point à deux ou trois reprises. « J’ai dit, écrit-il notamment dans son Dioc-neuviènie siècle, qu’un spirituel Anglais voudrait faire croire Bonaparte Juif d’origine. Et comme la Corse fut autrefois peuplée par les Sémites d’Afrique, Arabes, Carthaginois ou Maures, Maranes, disent les Espagnols, il semble appartenir à ceux-ci plus qu’aux Italiens. » Taine, il est vrai, dans son Napoléon Bonaparte, en fait un Italien « pur indigène ».
Franc-Maçon certainement et très avant dans les secrets de la Maçonnerie, Jacobin farouche, ami de Robespierre jeune, Napoléon avait tout ce qu’il fallait pour jouer le rôle qu’on attendait de lui. La finance l’adopta; les Michel, les Cerfbeer, les Bedarride le commanditèrent lors de sa première expédition en Italie au moment où les caisses de l’État étaient vides. Il n’avait qu’à paraître pour que tout lui réussît : il prenait en un jour Malte l’imprenable 1 ; pour revenir en France faire le 18 Brumaire, il traversait
1. « Il avait préparé de longue main par des trames secrètes, dit M. Thiers, la reddition de l'ile de Malte. Des Francs-Maçons comme le chevalier Dolomière et Bosredon y étaient renfermés, et le lâche grand maître Homspech lui en fît les honneurs, ainsi que des îles adjacentes, movennant une principauté en Allemagne ou, à son défaut, 300,000 fr. de pension viagère, 000,000 francs d’indemnité, 700 francs depension pour leschevaliers de la langue de France. Catarelli Du Falga, un des officiers supérieurs à la suite de Bonaparte, en parcourant la place dont il admirait les fortifications, dit ce mot : Nous sommes bien heureux qu’il y ait eu quelqu’un dans la place pour nous en ouvrir les portes. »