LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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loi mosaïque qui n’assimile jamais le Chrétien, le goy, le nacri à un Juif 1 .
Un document des Archives : Note sur le Conseil des Ministres, séance du 5 septembre 1800, indique certaines difficultés intérieures 2 .
Il y a dans l’assemblée quinze rabbins; si ce nombre ne suffit pas, on en peut faire venir trente autres. On joindrait à ces quarante-cinq rabbins trente des principaux membres de l’assemblée, et ces soixante et quinze individus formeraient le Sanhédrin; mais l’assemblée telle qu’elle est resterait en entier, elle serait seulement augmentée de trente rabbins nouvellement appelés. Ce grand nombre encouragerait les rabbins timides et agirait sur les rabbins fanatiques, en cas de résistance extraordinaire, en les plaçant entre la nécessité d’adopter les explications ou le danger d’un refus dont la suite serait l’expulsion du peuple juif. Ces querelles de famille conduiraient vraisemblablement au but qu’on se propose.
Mais avant de faire venir, pour mettre l’assemblée dans le cas de former dans son sein le grand Sanhédrin, un nombre aussi considérable de rabbins il faut s’assurer si les quinze rabbins, députés actuels, seront de l’opinion des réponses faites aux questions et à quel point ils tiennent à des vues lliéologiques. Il serait, en effet, fort ridicule de faire venir à grands frais trente nouveaux rabbins pour déclarer que les Juifs ne sont pas les frères des Français.
Il y eut certainement force négociations secrètes pour arriver à une entente. La lettre adressée à l’Empereur, à la date du 1" avril 1806, par Mole chargé de cette épineuse affaire, en fait foi.
Ayant reçu de quelque Juifs des ouvertures délicates et confidentielles ; <[ue je crois de nature à être soumises directement à Votre Majesté, j’en 1 sollicite un moment d’audience particulière. Je la supplie de ne voir dans j ma demande qu’une preuve de mon zèle ardent pour son service et de mon | profond désir de seconder ses desseins dans la mission qu’elle m’a confiée.
: Sire, de votre Majesté impériale et royale, le très humble,
très dévoué et très fidèle sujet,
Math. Moiæ.
! A la suite de ces pourparlers, les réponses de l’assemblée générale des députés Juifs, conformes à celles que l’Empereur attendait, ayant été arrêtées dans les séances des 4, 7, et 12 août, M. Molé prit la parole le 18 septembre, pour annoncer la convocation du grand Sanhédrin. La mission de ce Sanhédrin, composé de soixante-dix membres sans compter le président, devait
1. Un rabbin qui avait concouru avec l’abbé Grégoire, Zalkind Hourwiizdit expressément : “ Le Talmud défend seulement de voler l’étranger (le nacri), mais il permet de profiter de son erreur. » Or il est facile de comprendre qu’entre profiter d'une erreur, et induire un 8°go en cette erreur, le chemin n'est pas long. Bischoffsheimn’a pas, à proprement parler, volé
j h nacri dans l’emprunt du Honduras, il a profité de son erreur; seulement il avait rédigé des Prospectus pour lui faire concevoir cette erreur.
2. Archives nationales: A. F. iv.