I.E JUIF DANS L’111S TOI RE DE FRANCE
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Après tant d’années, les Juifs, enfin tranquilles, voulurent remercier le représentant du Ciel qui s’était fait si souvent l’avocat des proscrits près des puissants de la terre. Ces remerciements, les membres du Sanhédrin les formulèrent dans une adresse qui est certes une des pages honorables de l’histoire d’Israël.
Dans la séance du 5 février 1807, sur la proposition de M. Avigdor,on arrêta le projet d’adresse suivant:
Les députés israélites de l'empire de France et du royaume d'Italie au Synode hébraïque décrété le 30 mai dernier, pénétrés de gratitude pour les bienfaits successifs que le clergé chrétien a rendus dans les siècles passés aux Israélites de divers États de l’Europe;
Pleins de reconnaissance pourl’accueil que divers Pontifes et plusieurs ecclésiastiques ont fait dans différents temps aux Israélites de divers pays, alors que la barbarie, les préjugés et l’ignorance réunis persécutaient et expulsaient les Juifs du sein des sociétés,
Arrêtent :
Que l’expression de ces sentiments sera consignée dans le procès-verbal de ce jour pour qu’elle demeure à jamais comme un témoignage authentique de la gratitude des Israélites de cette Assemblée, pour les bienfaits que les générations qui les ont précédés ont reçu des ecclésiastiques des divers pays d’Europe '.
Ce louable mouvement n'a pas duré. Quand le Pape fut persécuté à son tour, les Juifs l’accablèrent d’outrages dans leurs journaux; ils pillèrent à Rome les effets des soldats qui étaient venus le défendre; ils organisèrent, ce qui peint la race, une ignoble émeute contre le cercueil de Pie IX.
11 convient de rapprocher la déclaration du 5 février 1807 du récit des infamies commises par les Juifs de Itome, récit fait précisément par deux Israélites convertis et devenus prêtres, les abbés Léman, qui ont publié
pris sous leur protection les Israélites persécutés. Innocent 11 et Alexandre III firent des démarches en leur faveur. Grégoire IX intervint pour eux en France, en Angleterre, en Espagne; il interdit, sous peine d’excommunication, qu'on troublât leurs fêtes. Clément VI leur accorda un asile à Avignon. Nicolas II écrivit à l’Inquisition pour lui ordonner de ne. point les contraindre à embrasser le Christianisme par force. Clément Xlff fit respecter pour eux cette liberté d’élever leurs enfants à leur guise que la Franc-Maçonnerie juive a enlevée aux Français dès qu’elle a eu le pouvoir.
Ee fait se comprend aisément. Des hauteurs où il planait, le Vicaire de Jésus-Christ n'apercevait que des égarés pour lesquels il priait en étendant sur eux sa main protectrice, tondis que les chefs d'État, se plaçant au point de vue économique et social, étaient obligés de veiller à ce qu'on ne troublât pas l'ordre dans le pays qu’ils avaient pour devoir de défendre.
1. Collection des actes de l’Assemblée de s Israélilei de France et du.royau.me d'Italie, par M. Diogeue Tama. Salvador qui, dans son livre Paris , Rome et Jérusalem, s'étend longuement sur le Sanhédrin de 1807, ne dit pas un mot de cette adresse.
M. Théodore Reinach passe également sous silence ce fait caractéristique.