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LA FRANCE JUIVE
des informations précises et que sur un certificat : 1° du conseil municipal constatant qu« ledit Juif ne s’est livré à usure, ni à aucun trafic illicite; 2° du Consistoire de la synagogue, dans la circonscription de laquelle il habite, attestant son bon ordre et sa probité. Cette patente sera renouvelée tous les ans 1 .
L’article 16, dans le but d’arrêter le pullulement, disait :
Aucun Juif non actuellement domicilié dans nos départements du Haut et du Bas-Rhin ne sera désormais admis à y prendre domicile. Aucun Juif non actuellement domicilié ne sera admis à prendre domicile dans les autres départements de notre Empire, que dans le cas où il aurait fait l’acquisition d’une propriété rurale et se livrerait à l’agriculture, sans se mêler d’aucun commerce, négoce ou trafic.
L'article 17 stipulait, en outre, que la population juive ne serait point admise à fournir de remplaçants pour la conscription, tout Juif conscrit devant le service personnel.
Napoléon semble avoir été guidé dans ces mesures par une pensée unique, le désir - de voir ses Juifs. En ceci, le sûr instinct de son merveilleux génie ne le trompait pas : tout Juif qu’on voit, tout Juif avéré est relativement peu dangereux, il est parfois même estimable; il adore le Dieu d’Abraham, c’est un droit que nul ne songe à lui contester, et, comme on sait à quoi s’en tenir sur son compte, il est possible de le surveiller.
Le Juif dangereux, c’est le Juif vague, socialiste en paroles, agent provocateur, espion de l’étranger. Il trompe à la fois les ouvriers qui se fient à lui, la police qui le paie et le gouvernement qui l’emploie; il pousse les naïfs dans la Commune, les dénonce ensuite aux Versaillais, s’éclipse quand on veut tirer l’affaire au clair et reparaît quand le calme s’est fait pour déclarer qu’il a souffert pour la bonne cause: c’est l’animal nuisible par excellence et en même temps l’animal insaisissable; il est fourré, en effet, dans tant de choses, qu’on ne sait par quel bout le prendre. Si vous l’arrêtez dans une émeute, il se réclame de sa patrie, la victorieuse Allemagne, qui sait faire respecter ses enfants; si vous essayez de l’expulser, il vous
1. L’autorité tint la main à ce que le décret fût rigoureusement exécuté. Rien que pour un déplacement de Nancy à Saverne, un décret était nécessaire- Nous citons au hasard l’autorisation accordée à Goudchaux, dont le fils ou le neveu fut ministre des Finances en 1848. et sauva Rothschild par les complaisances qu’il eut pour lui aux dépens du Trésor.
« Napoléon... Sur le rapport de notre ministre de l'Intérieur, notre conseil d’État entendu, nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article l or .
Le sieur Isaac Goudchaux, fils aîné de Jacob Goudchaux, Israélite et négociant à Nancy, est autorisé à prendre domicile à Saverne, département du Ras-Rhin,