Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
254
Einzelbild herunterladen

2S4

LA FRANCE JUIVE

des informations précises et que sur un certificat : 1° du conseil municipal constatant qu« ledit Juif ne sest livré à usure, ni à aucun trafic illicite; 2° du Consistoire de la synagogue, dans la circonscription de laquelle il habite, attestant son bon ordre et sa probité. Cette patente sera renouvelée tous les ans 1 .

Larticle 16, dans le but darrêter le pullulement, disait :

Aucun Juif non actuellement domicilié dans nos départements du Haut et du Bas-Rhin ne sera désormais admis à y prendre domicile. Aucun Juif non actuellement domicilié ne sera admis à prendre domicile dans les autres départements de notre Empire, que dans le cas il aurait fait lac­quisition dune propriété rurale et se livrerait à lagriculture, sans se mêler daucun commerce, négoce ou trafic.

L'article 17 stipulait, en outre, que la population juive ne serait point admise à fournir de remplaçants pour la conscription, tout Juif conscrit devant le service personnel.

Napoléon semble avoir été guidé dans ces mesures par une pensée unique, le désir - de voir ses Juifs. En ceci, le sûr instinct de son merveil­leux génie ne le trompait pas : tout Juif quon voit, tout Juif avéré est rela­tivement peu dangereux, il est parfois même estimable; il adore le Dieu dAbraham, cest un droit que nul ne songe à lui contester, et, comme on sait à quoi sen tenir sur son compte, il est possible de le surveiller.

Le Juif dangereux, cest le Juif vague, socialiste en paroles, agent pro­vocateur, espion de létranger. Il trompe à la fois les ouvriers qui se fient à lui, la police qui le paie et le gouvernement qui lemploie; il pousse les naïfs dans la Commune, les dénonce ensuite aux Versaillais, séclipse quand on veut tirer laffaire au clair et reparaît quand le calme sest fait pour déclarer quil a souffert pour la bonne cause: cest lanimal nuisible par excellence et en même temps lanimal insaisissable; il est fourré, en effet, dans tant de choses, quon ne sait par quel bout le prendre. Si vous larrê­tez dans une émeute, il se réclame de sa patrie, la victorieuse Allemagne, qui sait faire respecter ses enfants; si vous essayez de lexpulser, il vous

1. Lautorité tint la main à ce que le décret fût rigoureusement exécuté. Rien que pour un déplacement de Nancy à Saverne, un décret était nécessaire- Nous citons au hasard lautorisation accordée à Goudchaux, dont le fils ou le neveu fut ministre des Finances en 1848. et sauva Rothschild par les complaisances quil eut pour lui aux dépens du Trésor.

« Napoléon... Sur le rapport de notre ministre de l'Intérieur, notre conseil dÉtat entendu, nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Article l or .

Le sieur Isaac Goudchaux, fils aîné de Jacob Goudchaux, Israélite et négociant à Nancy, est autorisé à prendre domicile à Saverne, département du Ras-Rhin,