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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

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Selon M. Kohn, les premiers officiers juifs auraient été MM. dAlmbert, Mardochée et Pollonais, sortis en 1809 le premier de lÉcole polytechnique , les deux autres de lÉcole Saint-Cyr *.

Les Juifs, en présence des nouvelles mesures, se bornèrent en appa­rence à des doléances, mais le divorce était complet entre eux et lEmpe­reur. Napoléon , quil fût ou non dorigine sémitique, personnifiait, même en matière financière, le contraire de lesprit juif 2 . Par un contraste comme on en rencontre tant dans cet étonnant génie, cet homme si chi­mérique en certaines questions, ce poète en action à la façon dun Alexan­dre ou dun Antar , était, dès quil sagissait des finances publiques, léco­nome le plus rigide, le plus méticuleux, le plus probe quon eût vu depuis Colbert . Pour des œuvres qui honoraient le nom français , pour des cons­tructions, pour des encouragements aux artistes, pour des fêtes plus écla­tantes que toutes celles quavatit contemplées le monde jusquà lui, il jetait lor sans compter, puis le lendemain il défendait largent de son peuple,

1. La Notice sur l'état des Israélites en France par E.-C. M.. citait, sous la Restauration, parmi les militaires dorigine israélite : « Le général baron Wolff, maréchal de camp, com­mandeur de la Légion dhonneur; son frère, chef de bataillon, chevalier delà même Légion; le colonel Maurice; Alphonse-Théodore Cerf Beer, capitaine dartillerie, chevalier de la Légion dhonneur ; Gustave .Mévil, capitaine d'artillerie, chevalier de la Légion dhonneur; Festel, capitaine, directeur du dépôt d'armes de Alutzig, officier de la Légion dhonneur; Worms 111s, capitaine et chevalier; Lion Berr, capitaine aux Invalides , etc., etc ».

Le pédicure de Napoléon 1 er , un nommé Tobias, était Juif; il exerça plus tard les mêmes fonctions près du duc de Berry. L'annuaire des Archives Israélites nous raconte de ce Tobias un trait un peu burlesque, mais touchant quand même, car un homme qui respecte sa reli­gion, même dans l'état de pédicure, est toujours respectable : « Un jour de Rosch-Haschanah, Tobias était à la synagogue lorsqu'on vint le chercher en toute hâte de la part du duc de Berry. Lembarras du pédicure fut extrême; il alla prendre conseil du Grand Rabbin Michel Seligman. Le vénéré pasteur sassocia aux scrupules de son religieux administré ; il len­gagea néanmoins à se rendre aux ordres du prince, un refus, à cette époque de cléricalisme outré, pouvant avoir de graves conséquences, mais à sarranger pour ne violer quà la dernière extrémité la solennité du jour.

Tobias, très perplexe, arrive aux Tuileries .

Ah! que je souffre! sécrie le duc de Berry en lapercevant, il me tarde dêtre délivré de mes maux.

Tobias se baisse, examine attentivement le pied, et appuie du doigt à diverses reprises sur la partie occupée par les cors.

Aïe! crie le prince, vous me faites mal.

Voyez-vous, Monseigneur, réplique hardiment notre pédicure subitement inspiré, je remarque une violente inflammation, et, dans ces conditions, il y aurait un véritable danger à opérer. Patientez un jour ou deux, ayez soin dentourer le pied de compresses, et je reviendrai vous débarrasser de votre cor.

Grâce à ce subterfuge. Tobias échappa à lextrémité cruelle, pour un si scrupuleux pra­tiquant, de violer la solennité du « Rosch-Haschanah. »

2. Dans une discussion au Conseil dÉtat , il indiquait bien le caractère parasitaire de la race : « On ne se plaint point, disait-il, des protestants et des catholiques, comme on se plaint des Juifs. Cest que le mal que font les Juifs ne vient pas des individus, mais de la constitution même de ce peuple; Ce sont des sauterelles et des chenilles qui ravagent la France . »