LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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Contents de vivre, ils faisaient construire des palais et restauraient de vieux chAteaux lorsque les Juifs allemands frappèrent à la porte de la salle du banquet et leur dirent : « Frères, il y a dix ans que vous êtes à table; vous devez être rassasiés; si vous nous laissiez entrer à notre tour ! »
Pour les inviter au départ, on pressa légèrement sur la place à l’aide des capitaux allemands. Pereire, qui avait écrasé Mirés, fut à moitié écrasé par Rothschild, et l’on vit intervenir sur le marché les banquiers d’outre- Rhin.
Pour remuer les grosses affaires il faut un levier, un thème. Les Rothschild, à leur première manière, avaient joué des emprunts d’État; les Pereire et les Mirés, en faisant appel aux souscriptions publiques, avaient vidé les petites bourses. Les uns s’étaient appuyés sur la paix sans phrases, la paix à tout prix ; c’était l’époque où courait le mot célèbre : « Nous n’aurons pas la guerre; le roi y est décidé, mais M. de Rothschild n’en veut pas ! »> Les autres avaient soutenu dans leurs journaux une sorte de paix intermittente, philosophique en même temps, réunissant dans un groupe idyllique les nations sœurs enfin réconciliées, ouvrant des Expositions universelles.
La paix était usée : les Juifs allemands, comme base d’opération, prirent la guerre ; ils organisèrent, sous des apparences militaires, la plus vaste et la plus admirable spéculation financière qui ait jamais été essayée et réussie.
Qui ne connaît cette célèbre entrevue où, sur la terrasse de Biarritz, Méphistophélès-Bismarck vint tenter l’Empereur en lui offrant des royaumes à partager *?
Le tentateur lui-même avait été tenté ; il avait succombé et conclu le pacte. Le Juif, qui est aussi subtil que le Diable, avait été trouver Méphisto et lui avait montré l’Alsace, comme Méphisto montrait à Napoléon III les bords du Rhin.
1. Les frivoles courtisans de Biarritz semblent, devant ce visiteur étrange aux yeux brillant d’un feu sombre, aux manières hautaines et séduisantes en même temps, à la fois inquiétant et fascinant, avoir ressenti comme une impression de ce genre. Ils en firent incontinent, selon la mode d’alors, une petite chanson d’opérette :
Un soir, c’est une horrible page A raconter que celle-là!
Un étranger à la Villa
Vint sonner en grand équipage;
On l’accueillit : c’était Satan 1
« Satan, dit M. Cuvillier-Fleury, qui cite ces vers datés de 1866, dans Posthumes et Revenants, c’est M. de Bismarck. Il est venu à la Villa, où il a laissé derrière lui, en partant, comme une odeur de soufre et de salpêtre. Cela sent le brûlé, disait-on. »