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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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tourage de Bismarck cherchent à connaître son avis sur la possibilité dune telle entrevue. Ses intimes mont dit quil serait enchanté quelle püt avoir lieu, mais il ne se dissimule pas que, pour y amener lempereur, il serait nécessaire que lui (Bismarck) et le roi sengageassent à donner des garan­ties sérieuses, nettement exprimées (par écrit, me disait le banquier), celle de ne rien entreprendre en vue darriver à une union avec le Sud. En­fin de compte, M. B... ma demandé ce que je pensais des dispositions de lEmpereur à accepter ou à refuser une entrevue avec de telles garan­ties données.

La confiance de tout ce monde vis-à-vis du Juif était inimaginable. Savez-vous à qui le colonel Stoffel, qui cependant connaît les Juifs, sadres­sait pour faire parvenir aux Tuileries ses dépêches secrètes? Au même banquier désigné par son initiale, au Juif prussien Bleichrœder.

Il faut absolument, écrit-il à Piétri à la date du 20 novembre 1868, que vous me fassiez savoir, par deux mots jetés à la poste, si vous avez reçu un envoi jeudi dernier 19, dans la soirée. Cétait un travail pour lEmpereur et un autre pour le ministre, tous deux contenus sous un même pli à cinq cachets, que javais confié à M. Bleichrœder, banquier de Berlin se rendant à Paris 1 2 .

La Correspondance slave a raconté, en 1872, comment un patriote tchè­que avait remis à M. de Gramont un travail dun considérable intérêt sur une alliance austro-française. M. de Gramont ne trouva rien de mieux « que de donner ce document à un Juif allemand, qui se hâta, naturellement, de le publier dans les feuilles allemandes, au grand profit de son ami Bismarck. »

Dans de telles conditions, lécroulement na rien qui puisse surprendre; il fut un coup de Bourse comme la catastrophe de l 'Union Générale. Tous les appuis étaient sciés davance, et la Juiverie européenne étant dun côté et la France de lautre, il était facile de prévoir qui succomberait 3 .

Tout faillit cependant manquer au dernier moment. Souverain huma­nitaire, homme au cœur profondément bon, être doué dune faculté de voyant que neutralisait labsence de volonté, aggravée cette fois par une

1. Papiers et correspondance de la famille impériale.

2. Papiers et correspondance de la famille impériale.

3. Un écrivain que lardent amour quil avait pour la France rendait prophète essayait encore au dernier moment de jeter un cri dalarme. M. Gougenot des Mousseaux publiait en 18G9 son beau livre : Le Juif et la judaïsalion des peuples chrétiens. Mais louvrage autour du­quel la presse juive réussit à faire le silence passait inaperçu, et les Juifs parvinrent à faire dis­paraître tous les exemplaires. Le succès retentissant de la France Juive a tiré de loubli ce livre dun vaillant précurseur que les circonstances ont moins favorisé que moi. La fille de M. Gou­genot du Mousseaux a voulu que mon nom figurât en tête de la nouvelle édition du livre de son père, et je suis heureux, en la remerciant de cette délicate pensée, de rendre un public hommage à la mémoire dun ferme chrétien et dun bon Français qui a tenté avec moi déclai­rer ce pays qui allait au déshonneur et à la ruine.