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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Évidemment, en songeant à nous, Bismarck était hanté à chaque ins­tant par le souvenir des malédictions qui ont poursuivi ceux qui ont détruit la malheureuse Pologne par la violence et la ruse. Il a voulu que sa mémoire restât pure de lombre que jettent même sur les succès de tels procédés.

Ce qui est certain, cest que sa conduite fut très nette. Nul ne pourra prétendre que lhomme dÉtat allemand ait trompé la France : il lui a dit constamment la vérité. Lors du procès dArnim, il rendait publiques des lettres dans lesquelles il déclarait que la République était le gouvernement qui faisait le mieux les affaires de lAllemagne . Une autre fois, il reconnais­sait que la seule force qui existait encore en France était dans les croyan­ces religieuses. En 1883, au moment de la divulgation de la triple alliance entre lAllemagne , lAutriche et lItalie , les journaux officieux allemands proclamaient nettement «que la République , en rendant la France incapable de se réorganiser, était la meilleure garantie de la paix européenne . »

Dans les plus petits détails, lAllemagne apporte cette franchise brutale, grossière, mais réelle. En constatant sur un ton méprisant le dégoût que les officiers allemands éprouvent à se trouver en rapport avec Thibaudin, lhomme qui a manqué à sa paroles, les Grenzboten, la Revue officielle du chancelier, disaient crûment :

LAllemagne ne peut que souhaiter de voir le général Thibaudin con­server le plus longtemps possible le portefeuille de la guerre.

De même, en effet, que le maintien de la République en France est la meilleure garantie delà paix européenne , de même un homme dun passé tel que celui du général Thibaudin doit exercer sur l'armée française , en raison des dissentiments politiques entre les officiers, la cohésion nest sauvegardée que par les idées de devoir et dhonneur « une action complètement dissolvante. »

La France, encore une fois, na pas été trompée, elle a été libre de se sauver elle-même 1 ; elle a pu avoir à sa tête, au lieu de tous les ignobles drôles qui la déshonorent et la pillent, le plus honnête des hommes et le plus noble des rois : elle na pas voulu ; elle aussi a réclamé Barabbas .

Devant les provocations incessantes de Gambetta, quil était facile daccepter de façon à rendre une guerre inévitable, lhôte de Varzin , sous

1. Bismarck nintervint dans nos affaires d une façon active quune seule fois, en soppo­sant à la proclamation de létat de siège pendant le Seize-Mai. Je crois pouvoir affirmer ce fait sans crainte dêtre démenti. On devine lintérêt quavait le chancelier au triomphe des républicains qui perpétuaient lanarchie en France .